
États-Unis : le ministère de la Justice ébranlé par l’affaire Eric Adams
01/03/2025Au moins sept magistrats ont démissionné en réaction à la décision du ministère de la Justice d’abandonner les charges contre le maire de New York, poursuivi pour corruption et financement illégal de campagne.
Et si la première crise interne de la nouvelle administration américaine provenait d’un Démocrate ? Eric Adams, le maire de New York, est au cœur d’une polémique embarrassante pour le pouvoir du président Donald Trump, plus précisément son Département de la Justice.
Celui-ci a essuyé il y a deux semaines, le départ fracassant de sept magistrats impliqués dans l’affaire de l’édile inculpé en septembre 2024, pour financement illégal de campagne, corruption et fraude électronique, par le bureau du procureur de Manhattan.
La conséquence d’une enquête débutée en 2021. À l’origine de ces démissions en cascade, le refus des auteurs d’exécuter l’ordre d’abandon des charges, conformément au ministère de la Justice.
Parmi les démissionnaires, Danielle Sassoon, procureure par intérim du District Sud de New York, a marqué les esprits. Selon cette conservatrice respectée, ancienne greffière du juge Antonin Scalia à la Cour suprême, il n’existe aucun fondement juridique à cette décision.
« Un quid pro quo » ?
Elle évoque, dans une lettre cinglante adressée à la procureure générale Pam Bondi, un possible marchandage politique comme motif : l’abandon des poursuites par l’administration fédérale en échange de la coopération d’Eric Adams dans la répression de l’immigration clandestine à New York.
Un soupçon d’échange de bons procédés plus communément appelé « quid pro quo » et renforcé selon Sassoon, par la volonté d’abandonner les charges « sans préjudice ». Autrement dit, avec la possibilité de les réactiver plus tard au besoin.
D’après le Washington Post, Emil Bove, procureur général adjoint par intérim et responsable du pilotage de cette manœuvre controversée, aurait menacé de licenciement les procureurs résistant à sa directive.
Cet ancien avocat personnel du président indique pour sa part que le dossier d’Eric Adams a été instrumentalisé par l’administration précédente, une thèse toujours défendue par l’intéressé. Ce dernier s’estime notamment être l’objet de représailles politiques de la part du pouvoir de l’ex-président Joe Biden pour s’être opposé à sa politique d’immigration.
Une marionnette ?
Alors que les observateurs soulignent le caractère inédit d’un Département de la Justice évoquant des considérations politiques plutôt que des preuves pour interférer dans une procédure en cours, les différents protagonistes nient l’existence d’un quelconque arrangement.
« Je veux être parfaitement clair avec les New-Yorkais : je n’ai jamais proposé — et personne n’a proposé en mon nom — d’échanger mon autorité en tant que votre maire contre la fin de mon affaire« , a rétorqué le maire sur X, vendredi 14 février. Il apparaissait pourtant, 24 heures plus tôt, aux côtés de Tom Homan, le « tsar des frontières » de Trump sur Fox News.
« S’il ne tient pas parole. Je reviendrai à New York et nous ne serons pas assis sur un canapé. Je serai dans son bureau, sur son dos, en lui disant : ‘Où est passé l’accord qu’on avait conclu ?‘ », a déclaré celui-ci, renforçant les accusations de ceux qui ne voient à travers le maire, qu’une marionnette de la Maison Blanche.
Il appartient désormais à un juge fédéral de décider de la suite à donner aux inculpations, alors que les appels à la démission d’Eric Adams se multiplient.