IA générative : les maisons de disques ont cerné le danger !
20/09/2023En utilisant des ajustements techniques et en tirant parti de l’IA générative, on peut désormais produire des chansons chantées par des artistes qui ne les ont jamais interprétées. Face à la multiplication des outils qui ne tiennent pas toujours compte des droits d’auteur, Google s’efforce de prendre des mesures proactives pour éviter cette problématique.
L’intelligence artificielle : un risque ou une opportunité pour l’univers de la musique ?
L’utilisation croissante de l’intelligence artificielle générative suscite des réticences parmi de multiples artistes, et cela est tout à fait compréhensible. En effet, il suffit de fournir un modèle avec leurs créations – qu’il s’agisse de compositions musicales, de peintures, de romans, et autres – pour que l’IA soit en mesure de reproduire leurs voix et leurs styles artistiques avec une précision parfois troublante. Cette situation expose inévitablement à des risques potentiels de plagiat et de violation des droits d’auteur.
Dans l’industrie des maisons de disques, la conscience des menaces posées par l’IA générative est bien présente. Par exemple, Universal Music a pris des mesures pour empêcher le « datascraping », qui est l’aspiration des données nécessaires à la formation des modèles. La société a demandé aux services de streaming de bloquer cette pratique. Cependant, l’industrie musicale reconnaît également les possibilités offertes par cette technologie. En parallèle à des efforts comme ceux d’Universal Music, l’industrie explore activement les opportunités qu’elle offre, y compris à travers des discussions en cours avec Google sur ce sujet.
Une solution pour concevoir des sons en prenant en compte la loi ?
Selon les informations rapportées par le Financial Times, le moteur de recherche serait actuellement impliqué dans des pourparlers visant à obtenir les droits permettant l’utilisation des voix et des mélodies des artistes liés à la maison de disques majeure (ainsi que ceux de Warner, qui serait également impliqué). Ces droits seraient destinés à alimenter la création de chansons générées par l’intelligence artificielle. L’objectif de ces discussions, qui sont encore à un stade préliminaire, serait de mettre en place un outil qui permettrait aux fans de composer des morceaux de musique à partir de zéro, mais de manière légale, moyennant une licence payante pour les titulaires des droits. Les artistes auraient la liberté de décider s’ils souhaitent participer ou non à ce programme.
En somme, cela pourrait éventuellement ouvrir la voie à des interprétations de chansons célèbres par des voix inhabituelles, comme par exemple cette version particulièrement accrocheuse de « Barbie Girl » chantée par Johnny Cash (!), tout en respectant les droits d’auteur. Que l’on considère cette idée de manière positive ou non, elle suscite assurément des débats et des discussions approfondies.
Les fans pourront rendre hommage à leurs stars favorites !
Jeffrey Harleston, le directeur juridique d’Universal, récemment soulignait : « La voix d’un artiste constitue souvent son atout le plus précieux pour sa carrière et son image publique, et la voler, quelle que soit la méthode, est inacceptable ». Toutefois, comme cela s’est déjà produit à l’époque de Napster et des fichiers MP3 piratés, les jugements moraux émis par les grandes maisons de disques ne suffiront pas à contenir les expérimentations et les progrès technologiques. Par conséquent, il est plus judicieux de chercher dès maintenant à établir des accords plutôt que de devoir s’adapter aux évolutions des mentalités à l’avenir.
Du côté de Warner, la pleine mesure des avantages à exploiter les possibilités de l’IA générative est bien saisie. Lors de la publication des résultats trimestriels de l’entreprise, Robert Kyncl, le directeur général de la maison de disques, a expliqué que « dans le bon contexte, l’IA pourrait offrir aux fans l’opportunité de rendre hommage à leurs idoles de la manière la plus appropriée, en créant par eux-mêmes du contenu, y compris de nouvelles reprises et des mélanges musicaux ».
En janvier, Google a dévoilé MusicML, une nouvelle IA capable de créer de la musique… cependant, son accès au public est restreint. Cette restriction découle sans doute de la préoccupation de ne pas faciliter le piratage numérique des œuvres des artistes.