Elon Musk restreint fortement le nombre de tweets journaliers vus
12/07/2023En réponse à l’accaparement de données par les intelligences artificielles, la plateforme a pris des mesures en limitant à 1000 le nombre de postes visibles par jour pour les comptes non-identifiés. Cette restriction vise à préserver la confidentialité et à protéger les utilisateurs contre l’utilisation abusive de leurs informations personnelles.
La data : c’est de l’or !
Elon Musk, le controversé PDG de Twitter, est pleinement conscient de cette situation. En tant que fondateur de la startup d’intelligence artificielle X.AI, le milliardaire américain comprend bien la valeur d’une base de données accessible librement, comme c’était le cas sur Twitter. Cependant, depuis hier, l’accès au réseau social a été considérablement restreint. Désormais, chaque utilisateur ne pourra lire qu’un nombre limité de tweets par jour, ce nombre variant en fonction du statut de l’utilisateur. Plus précisément, les comptes vérifiés auront accès à 10 000 publications par jour, les utilisateurs non vérifiés à 1 000, et les nouveaux comptes non vérifiés à 500.
Elon Musk a annoncé cette mesure par le biais d’un simple tweet, la présentant comme un remède aux « niveaux extrêmes de collecte de données et de manipulation du système ». Cette décision intervient dans un contexte de prise de contrôle renforcée du réseau social. La veille, Elon Musk avait déjà annoncé qu’il n’était plus possible d’accéder à la plateforme sans être connecté. Selon l’actionnaire majoritaire de la société basée à San Francisco (Californie), « des centaines d’organisations (voire plus) collectaient des données sur Twitter de manière très agressive, perturbant ainsi l’expérience des utilisateurs réguliers ».
Une annonce grandement critiquée
Le milliardaire a rapidement augmenté les limites, passant de 6000/600/300 à 8000/800/400, pour finalement atteindre les limites actuelles de 10 000/1000/500. Il a même plaisanté en déclarant : « Atteindre la limite de vues en lisant des publications sur cette limite de vues » et « Atteindre la limite de vues en se plaignant de la limite de vues ».
Il a ensuite ajouté une autre pique à l’attention de ses abonnés en disant : « Vous vous réveillez d’une transe profonde… Éloignez-vous du téléphone pour voir vos amis et votre famille ». En réaction, les utilisateurs ont massivement appelé à se tourner vers Mastodon, le concurrent de Twitter. Le hashtag #Mastodon a atteint près de 100 000 tweets, tandis que le hashtag #Elon a dépassé les 2 millions d’utilisations, témoignant ainsi du séisme numérique provoqué par cette annonce.
Combattre l’intelligence artificielle ?
En imposant des limites sur le nombre de tweets pouvant être lus par compte, Elon Musk cherche à empêcher les organisations de collecter d’énormes quantités de données, notamment pour alimenter le développement de modèles d’intelligence artificielle (IA) dite générative. Ces modèles génératifs visent à créer des interfaces capables de répondre de manière similaire à une personne humaine dans des conversations courantes. Pour entraîner ces modèles, les sociétés doivent fournir des exemples de conversations, ce qui nécessite de collecter d’énormes quantités de données.
Elon Musk souligne que la collecte massive de données était pratiquée par presque toutes les entreprises travaillant dans le domaine de l’IA, des start-up aux plus grandes sociétés. Il exprime sa frustration à l’idée de devoir ajouter un grand nombre de serveurs en urgence pour répondre aux exigences de valorisation excessive de certaines start-up dans le domaine de l’IA. Ces serveurs supplémentaires étaient nécessaires pour soutenir le trafic et l’utilisation intensive de la plateforme par des logiciels ou des bots, mais pas par les utilisateurs ordinaires.
Twitter n’est pas la seule plateforme confrontée aux conséquences de l’accélération de l’IA générative et du développement de services basés sur des modèles de langage. En juin, Reddit, une plateforme de discussions, a augmenté les tarifs qu’elle demande aux développeurs tiers pour accéder aux données et aux conversations publiées sur son site. Cette décision a suscité une vive réaction, car ces plateformes fournissaient jusqu’alors des données publiques à des prix abordables, voire gratuitement, pour favoriser le développement d’un écosystème.