Les réseaux sociaux entravent la lutte contre le changement climatique

Les réseaux sociaux entravent la lutte contre le changement climatique

23/03/2021 Non Par Arnaud Lefebvre

Les fausses nouvelles relatives au changement climatique et à la destruction de la biodiversité, diffusées sur les réseaux sociaux, ont de graves conséquences sur la lutte contre les menaces croissantes auxquelles fait face notre monde. Tel est l’avis d’un groupe de scientifiques et d’experts.

L’application des mesures adéquates et nécessaires afin de créer un monde plus sain et plus résilient, grâce à la diminution des émissions de CO2, de la surpêche et d’autres risques, sera plus compliquée si ces mêmes mesures font l’objet d’attaques ciblées sur les réseaux sociaux.

Environnement toxique

Selon Owen Gaffney, un des auteurs du rapport, membre du Stockholm Resilience Centre, les rapports diffusés sur les médias sociaux ont provoqué la création d’un environnement toxique où il est désormais compliqué de faire la différence entre la réalité et la fiction. Notre incapacité à faire la distinction entre la réalité et la fiction constitue dorénavant un des obstacles les plus importants auxquels est confrontée l’humanité, a-t-il indiqué.

Selon ce dernier, cela provoque la dégradation des démocraties et cela réduit notre capacité de prise de décisions sur le long terme, décisions nécessaires pour la survie de la planète.

L’auteur principal du rapport, Carl Folke, le directeur de l’Institut d’économie écologique de Beijer, pense la même chose. Selon lui, on constate des améliorations dans ce sens où différents États font des promesses relatives à la lutte contre les menaces environnementales. Toutefois, les médias continuent de polariser les points de vue, indique-t-il, soulignant qu’il est nécessaire de s’attaquer à cela.

Tâche décourageante

La publication de ce document survient dans le cadre de la réalisation du Sommet du Prix Nobel qui se tiendra en avril. Cette réunion, dont la réalisation était prévue à Washington, aura pour thème le futur de notre planète. Le sommet sera finalement réalisé de manière virtuelle pour cause de pandémie.

Il est nécessaire d’insister sur les moyens de diminuer le changement climatique, la destruction de la biodiversité et les inégalités, a ajouté Gaffney. Les nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle et la biologie synthétique pourraient participer au sauvetage de la planète, indique également le rapport.

Il s’agit toutefois d’une tâche décourageante, indique le rapport. Le document souligne en effet que les niveaux de domination de l’humanité sur la nature sont effrayants. Il y a trois siècles, notre planète comptait 1 milliard de personnes. À la fin du siècle actuel, la population mondiale sera de près de 10 milliards.

Actuellement, l’ensemble des humains, cumulé aux animaux qui nous fournissent les produits pour notre alimentation, totalisent 96% de la totalité du volume des mammifères terrestres. Les animaux sauvages constituent les 4% résiduels.

De nos jours, l’homo sapiens a conquis tous les espaces de notre monde, avancent les auteurs du rapport. On constate l’altération par les humains des trois quarts de la totalité des espaces libres de glace sur Terre. On recense la construction d’une ville comme New York tous les huit jours. Les êtres humains procèdent à la simplification des paysages pour s’assurer un maximum d’avantages économiques.

L’émergence de nouveaux agents pathogènes tels que Covid-19 est une des conséquences de cette dynamique.

Anthropocène

L’Anthropocène, période où l’humanité est le principal moteur des événements écologiques, a remplacé l’Holocène, période débutée il y a 11.700 ans, caractérisée par un climat relativement frais.

L’humain détruit les forêts tropicales qui permettent l’absorption du dioxyde de carbone. L’être humain conduit de nombreuses espèces vers l’extinction. Parallèlement, le réchauffement climatique, provoqué par notre utilisation constante des combustibles fossiles, provoque le déclenchement de période de fortes chaleurs, de vagues de sècheresse, de tempêtes, d’inondations et de feux de forêt significatifs, jamais vus jusqu’ici.

Les répercussions du réchauffement climatique affectent dorénavant plus fortement la population. Cet impact se ressent plus tôt que prévu il y a dix ans.

Étant donné l’ampleur du phénomène, de « modestes ajustements » aux pratiques industrielles et agricoles actuelles seront insuffisants. « Des changements transformateurs sont désormais nécessaires », conclut le rapport.