Une fake news minimisant l’impact du Covid-19
08/09/2020« Seulement 6 % » : voici l’expression trônant à la première place des « tendances » du célèbre réseau social fin août, qui référence les mots les plus inscrits sur la plateforme. Évidemment, l’expression sortie de son contexte paraît très mystérieuse. En réalité, elle correspond à une offensive des internautes d’outre-Atlantique critiquant et s’opposant, dans des publications ayant des accents conspirationnistes, la réalité du Coronavirus, ses conséquences et sa dangerosité.
Impact du Covid-19 : la vérité sur ces six pourcents
La source de ces fameux six pourcents est une publication du centre pour le contrôle et la prévention des maladies américain. Il s’agit de l’autorité dont la mission est le combat contre les maladies, dont évidemment le Coronavirus. Cet écrit, que l’on peut retrouver dans l’index du rapport hebdomadaire sur la progression de la pandémie aux USA, annonce que pour six pourcents des décès, le Coronavirus était la cause indiquée. Pour ce qui est des décès avec des causes médicales additionnelles au virus, en moyenne, on dénombrait 2,6 causes en plus par mort.
Ainsi, au final, il n’y a que six pourcents des morts provenant du Covid-19 outre-Atlantique qui le seraient vraiment ? Il a fallu peu de temps pour les personnes voyant ce virus comme un « hoax » afin de bondir sur l’occasion. Beaucoup d’entre eux pensent que le Coronavirus a été inventé intentionnellement afin de semer la peur dans le monde. Ainsi, après cette publication, beaucoup de commentaires affirmant que le Coronavirus est un mensonge sont apparus. Énormément d’internautes ont vu cet écrit comme une véritable bombe.
Facteurs de comorbidité du Covid-19 : hypertension, diabète et soucis cardiovasculaires
Or, la bombe n’en est en fait pas une. En effet, la publication du centre pour le contrôle et la prévention des maladies parle d’un phénomène dont les professionnels de santé ont l’habitude : la mortalité d’une maladie s’évalue également par rapport à la comorbidité. Les problèmes de santé existants déjà chez un malade rendent l’impact de la maladie encore plus conséquent. C’est pourquoi un individu atteint d’insuffisance cardiaque voit malheureusement ses chances de décès grimper, à cause d’une bronchite aiguë.
Dans le cas du Coronavirus, on savait quasiment dès l’apparition de la maladie que la mortalité du virus était mêlée à d’autres facteurs ou soucis sous-jacents. Dès février de cette année, une étude effectuée sur près de 1500 malades chinois permettait de savoir qu’un quart de ces derniers avaient une autre maladie en plus du Covid-19. Dans le même temps, une autre étude concluait que des problèmes comme par exemple l’hypertension, le diabète ou les soucis cardiovasculaires étaient présents chez les malades ayant une forme lourde du virus.
Depuis, les recherches se sont intensifiées, validant l’une après l’autre le rôle conséquent des maladies ou fragilités physiques sous-jacentes, chez les individus atteints de la forme aiguë du Coronavirus ou décédées.
En France également, la comorbidité est là
Toutes les semaines, Santé Publique France offre un compte-rendu du Coronavirus avec des données comme par exemple le taux de comorbidité et les maladies qui sont concernées par le phénomène. Ainsi, sur une période de cinq mois et demie, débutant au début du mois de mars, dans près de 66 % des cas mortels de Coronavirus, un problème de santé sous-jacent était également présent sur le certificat de décès.
Si on va encore plus dans le détail, dans environ un bon tiers des cas, il s’agit de problèmes cardiaques, et dans un quart d’un souci d’hypertension artérielle. Si on compare la comorbidité entre la France et les USA, elle n’est pas du tout la même : respectivement 66 % et 94 % des cas sont mortels.
Même si la tendance globale est identique, le pourcentage de morts touchés par différents autres soucis de santé peut changer d’un pays à un autre. Ainsi, la Grande-Bretagne a des chiffres quasiment semblables à leurs cousins d’outre-Atlantique, avec près de 91 % des morts du Covid-19 atteints d’au minimum une comorbidité sur les six premiers mois de l’année. L’Italie, durant son pic épidémique en mars 2020, définissait la proportion à 97 %, contre trois pourcents de malades décédés « uniquement » du Coronavirus. La cause de ces différences est toujours à l’étude. Néanmoins, il y a un début de réponse : ces nettes divergences pourraient se situer dans la « carte d’identité » sanitaire des populations, qui est évidemment différente en fonction des pays.