
Rassemblement national : derrière le rideau de la victimisation
06/04/2025 0 Par La rédactionLe parti reconnu coupable de détournement de fonds au préjudice du parlement européen dans l’affaire des assistants parlementaires agite le spectre de la faillite en raison des amendes à rembourser. Sa situation financière n’est pourtant pas à plaindre.
« Mise à mort financière », une sentence destinée à « Tuer le parti »… Depuis la condamnation prononcée lundi 31 avril 2025 par le tribunal correctionnel de Paris contre le Rassemblement national (RN) dans l’affaire dite des assistants parlementaires européens, c’est la grande détresse au sein du parti.
Outre les peines d’inéligibilité – cinq avec exécution immédiate pour Marine Le Pen – dénoncées comme un moyen d’empêchement de l’ex-Front national (FN) d’accéder au pouvoir en 2017, la riposte s’est concentrée sur les dommages et intérêts infligés par le tribunal.
Soit environ 3,25 millions d’euros au titre du préjudice économique causé au parlement européen, auxquels s’ajoutent 200 000 euros de préjudice moral. Environ 1,16 million d’euros avaient déjà été recouvrés depuis le début de la procédure.
Une posture victimaire…
« Il s’agit bien de pratiques organisées pour atteindre un but, en l’espèce la prise en charge par le Parlement européen de personnes travaillant en réalité pour le parti en vue de permettre au Front national de “faire des économies importantes” », peut-on lire dans le verdict, estimant que 2,9 millions d’euros ont été détournés par le FN pendant entre novembre 2004 et janvier 2016.
De quoi servir d’éléments de langage à la patronne Marine Le Pen. « Parce que c’est ceinture et bretelles, il ne s’agit pas seulement d’éliminer la candidate à l’élection présidentielle, si on peut tuer le parti en même temps, comme cela on est bien sûr... », a-t-elle déclaré dès le lendemain en marge de la réunion hebdomadaire de son groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.
« Quel est ce pays, la France en l’occurrence, pays des droits de l’homme, pays des libertés, pays de l’universalisme républicain, où on met à mort financièrement un mouvement politique comme le Rassemblement national ? », s’est insurgé le même jour, le président Jordane Bardella, sur Cnews.
…Contredite par la réalité financière
Cette vision apocalyptique est pourtant contredite par la situation financière réelle du parti, comme l’admettent certains de ses propres membres cités par Le Monde. Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe RN, a ainsi affirmé que « la situation financière du parti est solide grâce aux électeurs » qui l’ont soutenu lors des dernières élections.
Les chiffres sont parlants, au-delà de ce témoignage. D’après le quotidien du soir, le parti d’extrême droite devrait toucher une aide publique d’environ 15 millions d’euros par an jusqu’aux prochaines législatives, soit près de cinq fois le montant réclamé par la justice européenne.
Cette somme confortable s’explique par le bon score du RN lors des élections anticipées de juillet 2024. À cette manne s’ajoutent environ 3 millions d’euros de dons annuels et un million d’euros provenant des cotisations des élus européens, régionaux et départementaux.
Cette santé financière a d’ailleurs permis au parti de réduire considérablement sa dette, passée de 24 millions d’euros en 2021 à 15 millions en 2025, insiste Le Monde.