
Le Maroc ébranlé par un cyber-scandale de grande ampleur
12/04/2025Des données confidentielles de plus de deux millions de personnes, dont plusieurs pontes du royaume, ont été dévoilées en ligne cette semaine, dans le cadre d’un piratage décrit comme sans précédent.
La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) à avoir tenté de minimiser l’étendue des dégâts en arguant 24 heures après, de documents « souvent faux, inexact ou tronqué », le piratage massif du 8 avril n’en reste pas moins inédit dans l’histoire du Maroc.
L’opération concerne en effet les données confidentielles, dont des numéros de cartes d’identité, de téléphone, de sécurité sociale et autres coordonnées bancaires, de plus de deux millions de Marocains. Au total, 1 996 026 fichiers de salariés issus de 500 000 entreprises auraient été divulgués en ligne.
Les structures compromises vont du ministère marocain de l’Emploi à la CNSS. Laquelle a finalement confirmé le 9 avril après la révélation de ce que les médias locaux qualifient d’ores et déjà « d’onde de choc » selon des propos rapportés par le journal Le Monde, avoir été victime d’une « série d’attaques cybernétiques » dont « les origines et les contours sont en cours d’évaluation ».
Les secrets de l’élite exposés au grand jour
Diffusées sur une chaîne Telegram nommée « Jabaroot DZ », les informations dérobées et toujours accessibles sur le réseau social deux jours après l’incident, mettent à nu le gotha marocain de la politique et du monde des affaires entre autres.
Parmi les victimes de cette cyberattaque figurent le PDG de Royal Air Maroc, la compagnie aérienne nationale ; celui de la banque Attijariwafa, les dirigeants des laboratoires pharmaceutiques Pfizer, Sanofi et Sothema, ainsi que la fille aînée du chef du gouvernement Aziz Akhannouch.
Plus significatif, les données concernent également des employés de la holding Siger appartenant au roi Mohammed VI, y compris son secrétaire particulier Mounir Majidi, qui percevrait un salaire de 120 000 euros par mois.
De telles rémunérations à six ou sept chiffres parfois, alimentent la Une de la presse marocaine ainsi que les forums de discussion WhatsApp, d’après le récit du Monde.
Tensions diplomatiques et guerre de l’information
Alors que le gouvernement dénonce une « attaque criminelle », tous les regards se tournent vers les auteurs derrière cette action décrite par les intéressés comme une riposte au « harcèlement en provenance du Maroc que subissent les institutions officielles algériennes sur les réseaux sociaux ».
Ils promettent que « toute action hostile future à l’égard des intérêts algériens sera suivie de réponses encore plus fortes ».
« Comme vous le savez déjà, ces cyberattaques sont survenues le jour même de la réaffirmation par les États-Unis de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara », a déclaré le porte-parole du gouvernement Mustapha Baitas en référence à l’une des pommes de discorde diplomatique entre Rabat et Alger.