Un scientifique français refoulé des États-Unis pour ses opinions politiques ?

Un scientifique français refoulé des États-Unis pour ses opinions politiques ?

23/03/2025 0 Par La rédaction

L’incident impliquant un chercheur du CNRS et la police des frontières américaines s’élargit désormais aux plus hautes autorités des deux pays. Avec de nombreuses zones d’ombre encore à éclaircir.

C’est une affaire dont se seraient sans doute passés la France et les États-Unis, dans un contexte de tensions latentes entre les deux pays depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Le 9 mars dernier, alors qu’il se rendait à une conférence près de Houston, ville de l’État du Texas, un chercheur français du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), dont l’identité reste secrète, a été interpellé à son atterrissage à l’aéroport.

Après des fouilles au corps et l’inspection de ses appareils – ordinateur et téléphone –, l’intéressé a été prié, près de 24 h plus tard, de retourner en France, laissant ses appareils. De quoi susciter le courroux du ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

D’après la déclaration du ministre Philippe Baptiste communiquée à l’AFP le 19 mars, soit dix jours après les faits présumés, le chercheur aurait fait les frais de ses opinions contre l’agenda politique de Trump.

Deux versions contradictoires

« Le téléphone de ce chercheur contenait des échanges avec des collègues et des relations amicales dans lesquels il exprimait une opinion personnelle sur la politique menée par l’administration Trump en matière de recherche », indique le texte des autorités françaises.

Une version catégoriquement démentie par le département américain de la Sécurité intérieure. Selon Tricia McLaughlin, porte-parole de l’institution, le scientifique français aurait été en possession « d’informations confidentielles provenant du laboratoire national de Los Alamos » qu’il aurait « récupérées sans autorisation » et tenté de « dissimuler ».

« Toute affirmation selon laquelle son renvoi était fondé sur des convictions politiques est manifestement fausse », appuie-t-elle dès le lendemain du dévoilement de l’affaire, dans une publication sur X.

Cette accusation est particulièrement sérieuse puisqu’elle s’apparente à de l’espionnage. Pourtant comme le fait remarquer le Journal Le Monde, aucune poursuite judiciaire n’a été engagée contre le chercheur. Ce qui alimente les soupçons du côté français.

Une communauté scientifique dans l’angoisse

Le CNRS a d’ailleurs réagi en affirmant que leur scientifique avait « scrupuleusement respecté les accords existants entre la NASA et le CNES sur les données des missions auxquelles il participe ».

Dans ce contexte, difficile de lever le voile sur les zones d’ombre. D’autant que les services de Philippe Baptiste maintiennent leur version des faits, à en croire Le Monde.

L’affaire ne devrait pas arranger l’image des États-Unis vue de l’étranger alors que le nouveau locataire du Bureau ovale opère des coupes budgétaires et licenciements massifs dans le secteur de la recherche. Des faits dénoncés le 7 mars dernier dans une manifestation à Paris.