
Joe Biden et le stylo automatique : démêler le vrai du faux
30/03/2025L’ancien président américain, dont la fin de mandat fut parasitée par des interrogations concernant son état de santé, est aujourd’hui accusé par le camp de son successeur d’avoir signé des documents officiels uniquement à l’aide d’un autopen.
Quelle légitimité accordée aux décisions prises par Joe Biden durant son mandat à la tête des États-Unis ?
La question mérite que l’on s’y penche au regard des allégations récemment faites par l’Oversight Project, initiative lancée à destination de la droite conservatrice américaine dans le but de « renforcer la surveillance agressive de l’administration Biden et des facilitateurs politiques et corporatifs du régime gauchiste ».
En pratique, cette initiative cherche à exploiter tous les angles morts de l’agenda politique de l’ancien président américain afin de favoriser la diffusion au sein de l’opinion publique de l’idée d’un nécessaire retour à une vision plus conservatrice de l’Amérique, telle que prônée par le Républicain Donald Trump.
Le projet, soutenu par le laboratoire d’idées et de lobbying Heritage Foundation, identifié comme étant le principal architecte intellectuel de la politique trumpiste, propage une théorie selon laquelle Biden n’aurait pas réellement signé ses décrets exécutifs durant sa période au Bureau ovale.
Des comparaisons superficielles
« Celui qui contrôlait l’autopen contrôlait la présidence », écrit notamment l’Oversight Project début mars en référence au dispositif mécanique que le prédécesseur de Trump aurait utilisé pour reproduire automatiquement sa signature sur les documents, à l’exception de celle figurant sur l’annonce de son retrait de la course à la Maison-Blanche l’année dernière.
Pour soutenir cette allégation, les auteurs prétendent avoir analysé toutes les signatures de Biden apposées sur des actes officiels au cours des quatre dernières années en les comparant au seul document identifié comme « authentique ».
Des comparaisons pour le moins superficielles, tant elles résistent mal à la réalité des faits. À savoir que l’ancien chef de l’État, décrit comme cognitivement défaillant par ses détracteurs, a bien signé par lui-même certains des documents pourtant incriminés, comme l’a relevé le média Snopes dans un article publié le 13 mars.
À propos de l’autopen
Mieux, même Fox News, média pourtant réputé porte-voix des Républicains, a souligné que des observations similaires peuvent être faites concernant les signatures de Donald Trump durant son précédent mandat. Lesquelles sont toutes aussi constantes d’un document à l’autre, d’après la chaîne conservatrice.
Par ailleurs, l’utilisation de l’autopen n’est pas une pratique exceptionnelle dans la politique américaine. Thomas Jefferson a été le premier président à en faire usage seulement un an après son invention en 1803, selon le Musée National d’Histoire Américaine cité par Snopes.
Si d’autres, de Harry Truman à Lyndon B. Johnson, en passant par George W. Bush l’ont également utilisé sur divers documents, Barack Obama fut le premier à l’utiliser pour signer une loi, en l’occurrence la prolongation du Patriot Act en 2011.