L’algorithme de X est-il manipulé ?
11/01/2025Le réseau social est soupçonné d’être au service de son propriétaire Elon Musk, à travers une intense mise en avant de ses contenus.
En rachetant Twitter – désormais rebaptisé X – pour 44 milliards de dollars il y a deux ans, Elon Musk avait semble-t-il une idée bien précise, comme en témoigne son activisme pour la récente élection de Donald Trump à la tête des États-Unis.
La même démarche est désormais engagée par le milliardaire américain afin de porter l’AFD au pouvoir en Allemagne. Autrement dit, il s’agit pour l’homme dont la fortune est désormais estimée à plus de 300 milliards de dollars de faire émerger l’extrême droite.
Faire échec au « virus woke », comme il aime à le rappeler. Au grand dam des gouvernants européens, dont le président français Emmanuel Macron, qui a dénoncé le 6 janvier dernier face au corps diplomatique, le soutien de l’homme d’affaires à « une nouvelle internationale réactionnaire ».
La manipulation algorithmique mise à nu
Pour parvenir à ses fins, Musk semble avoir décidé d’user de tout le potentiel de X. Quitte à abuser de ses utilisateurs ? Cette question trouve son origine dans une situation pour le moins étrange constatée sur le réseau social ces derniers temps. À savoir, l’impossibilité pour les abonnés d’échapper aux publications du PDG de la plateforme.
En quelques secondes à peine, Elon Musk apparaît partout, dans les suggestions de comptes à suivre comme dans les tweets mis en avant, sans que rien ne justifie cette omniprésence. Lorsque l’on décide de suivre le compte du milliardaire, la machine s’emballe véritablement.
Les entreprises de Musk sont mises en avant, suivies de près par des personnalités aux opinions marquées comme Donald Trump ou des influenceurs réputés masculinistes. En France, c’est Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l’Intérieur français dont les idées conservatrices se rapprochent de celles du président américain, qui émerge comme suggestion.
Une plainte annoncée devant l’Arcom
« On sait que Musk a explicitement demandé à ses ingénieurs de changer l’algorithmique pour qu’on voit plus ses tweets à lui et ses tweets de proche », explique David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS, interrogé par France 2, alors que le sujet fait désormais l’objet d’une plainte en France.
Comme le révèle le journal Le Point, jeudi 9 janvier, l’eurodéputée Aurore Lalucq a saisi l’Arcom, le régulateur français des médias, à cet effet, s’appuyant sur le règlement européen DSA (Digital Services Act), entré en vigueur en 2022.
Elle soulève également une question fondamentale : X peut-il continuer à bénéficier du statut d’hébergeur de contenus, alors que la plateforme semble de plus en plus servir de porte-voix aux positions personnelles de son propriétaire ?