Cinquième-pouvoir.fr

États-Unis : Elon Musk, le nouvel homme du président

Le milliardaire américain né en Afrique du Sud s’est investi comme jamais auparavant pour la victoire de Donald Trump. Son influence dans la prochaine administration fédérale pourrait remodeler en profondeur les politiques gouvernementales.

« Nous avons une nouvelle star, une star est née : Elon ! ». Dans son discours de victoire à la présidentielle prononcé en Floride aux premières heures du mercredi 6 novembre 2024, Donald Trump ne pouvait contenir sa joie à l’évocation d’Elon Musk, le milliardaire à la tête de plusieurs entreprises américaines de premier plan.

« C’est un gars spécial, un génie. Nous devons protéger nos génies. Nous n’en avons pas beaucoup », a souligné le président élu, louant les réussites de l’entrepreneur, des fusées de son entreprise SpaceX au déploiement de Starlink, son fournisseur d’accès à Internet par satellite, dans les zones sinistrées touchées par les récentes catastrophes naturelles aux États-Unis.

Cet épisode louangeur à l’égard de Musk, qui aura duré quatre minutes sur les 20 consacrées par le prochain locataire de la Maison Blanche à sa première allocution publique post-électorale, n’a sans doute échappé à personne, tant l’homme d’affaires originaire d’Afrique du Sud a été omniprésent dans la campagne du candidat républicain.

Elon Musk s’est impliqué auprès de l’ancien président comme jamais une personnalité du monde des affaires ne l’avait fait ostensiblement auparavant, dans une Amérique où l’alliance entre l’argent et la politique reste pourtant incontournable.

Au service d’une cause

Grâce à une fortune désormais estimée à plus de 314 milliards de dollars par le magazine Forbes — en hausse de 3,46 % depuis le scrutin du 5 novembre —, l’homme le plus riche du monde a massivement financé la reconquête présidentielle de Trump.

Il a ainsi injecté plus de 250 millions de dollars dans cet objectif à travers « America PAC », un comité de soutien politique créé pour la circonstance et particulièrement influent dans la course aux électeurs dans les États clés. Mais le soutien de Musk à Trump dépasse le cadre financier.

Son réseau social X est devenu une véritable caisse de résonance pour les idées promues par le Républicain, avec plus de 3 200 publications à cet effet entre le 5 octobre et le 5 novembre seulement, selon un décompte effectué par le journal Le Monde.

Dénigrement du camp démocrate, dont la candidate Kamala Harris (« elle serait folle, pas intelligente »), remise en cause de l’intégrité du processus électoral (« les démocrates feraient voter des migrants »), diffusion de théories conspirationnistes (« Harris serait une marionnette ») : tout a été orchestré par celui qui s’est présenté en « sombre MAGA ».

Une influence sans limites ?

« Si Trump perd, je suis foutu », avait-il par ailleurs déclaré au milieu de la campagne. Son pari désormais gagné, tous les regards se tournent vers les répercussions possibles d’un tel degré d’engagement.

Les observateurs redoutent notamment des conflits d’intérêts, alors qu’Elon Musk est à la tête de six entreprises, toutes impliquées dans des contrats avec le gouvernement fédéral représentant plusieurs dizaines de milliards de dollars annuels.

D’autant que Donald Trump lui a promis la direction d’une « commission sur l’efficacité gouvernementale » destinée à tailler dans les dépenses fédérales à hauteur de 2 000 milliards de dollars.

« Il est peu probable que le ministère de la Justice de Trump s’en prenne à Elon. S’abstenir d’enquêter sur ses amis tout en poursuivant ses ennemis, c’est ce que nous avons vu pendant le premier mandat Trump », analyse Hal Singer, économiste à l’Université de l’Utah, interrogé par le New York Times.

Quitter la version mobile