Cumul des mandats : les contradictions de François Bayrou au fil des années
20/12/2024Le nouveau Premier ministre veut garder ses fonctions de maire, une double-casquette qu’il a pourtant longtemps abhorrée.
« On s’est trompé en rendant incompatibles les responsabilités locales et nationales, c’est une erreur (…) Je pense qu’il faut que ce débat soit repris« . C’est en ces termes que François Bayrou a défendu ces derniers jours, sa volonté de demeurer maire de Pau en même temps que Premier ministre.
Une prise de position qui ne laisse personne de marbre, tant elle semble en totale contradiction avec les déclarations passées du patron du MoDem sur la question du cumul des mandats. En effet, pendant des décennies le nouveau chef du gouvernement français s’est présenté en opposant résolu de ce principe.
« Le principal problème qui se pose à ceux qui cumulent des mandats, c’est le des déplacements. C’est très long d’aller de ville à ville quand on n’est pas élu de la ville-centre », déclarait-il déjà en 1985.
Un farouche opposant devenu défenseur
« C’est très long de se déplacer pour un simple conseiller régional comme je suis, qui vient pour une réunion d’une heure à Bordeaux, de Pau, et bien il perd la journée, et naturellement ça handicape beaucoup l’exercice des autres mandats », ajoutait-il lors de cette même sortie.
En 2005, Bayrou reconnaissait lui-même avoir expérimenté les limites du cumul des mandats, témoignant de son expérience personnelle, selon des propos rapportés dans la presse : « J’ai été président de Conseil général en même temps que député, et même ministre, pendant des années. J’ai beaucoup aimé cela. Naturellement, c’était exténuant, mais intéressant, enrichissant. Simplement, ce n’est plus le temps que nous vivons. »
Volte-face et cohérence politique
Plus révélateur, cette position était suffisamment ancrée pour figurer dans son programme présidentiel de 2012, où il promettait de « mettre fin au cumul du mandat et d’une fonction locale pour les députés ».
Le revirement actuel du maire de Pau apparaît d’autant plus surprenant qu’il contredit non seulement ses positions antérieures, mais aussi une pratique politique établie.
En effet, ses prédécesseurs à Matignon, dont Jean Castex et Édouard Philippe avaient choisi de renoncer à leurs fonctions à la tête de leur municipalité respective, conformément à un usage républicain bien établi depuis Alain Juppé en 1997.
Pire, le même qui exécrait le cumul pour des trajets longs que cela implique, a voyagé en jet de la République 30 ans plus tard cette semaine pour une réunion du conseil municipal. « Un flagrant déni », raille le quotidien Libération.
5jw7r4
m59n4u
7eyjjy