La bataille pour l’héritage macroniste est lancée
03/11/2024Gabriel Attal devrait prochainement prendre les rênes du parti d’Emmanuel Macron. L’occasion de la façonner à son image dans la perspective de 2027 ?
Gabriel Attal, ancien Premier ministre s’apprête à prendre la direction du mouvement créé par Emmanuel Macron. Ce couronnement attendu pour les 23 et 24 novembre, et 7 décembre prochain met fin à un faux suspense.
Un suspense nourrit par la candidature d’Elisabeth Borne, elle aussi ancienne Première ministre de Macron. L’ex-cheffe de Matignon se posait en effet ces dernières semaines, en challenger de son successeur déjà patron du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale.
Un cumul décrit comme « pas d’usage ». Mais elle avait, de l’avis de nombreux analystes, peu de chance d’hériter de la tête de Renaissance, car étant perçue moins populaire qu’Attal au sein de l’appareil du parti. De quoi laisser le champ libre à ce dernier afin de mieux tout en n’étant pas bien loin ?
« La division n’était pas une option. On est complémentaires. Qu’on puisse rassembler, jouer l’unité, c’est ce que les militants attendent de nous », laisse entendre celle qui a finalement jeté l’éponge, mardi 29 octobre.
Une configuration sujette à questions
« Je n’ai pas retiré ma candidature », mais « nous avons trouvé un accord avec Gabriel Attal », s’est-elle empressée de clarifier au micro de RTL, au lendemain d’un renoncement savamment négocié.
L’accord en question confère à l’ancienne Première ministre, la présidence du Conseil national de Renaissance – une nouvelle instance créée pour l’occasion – et une représentation significative (25%) de ses soutiens au bureau exécutif. « Un partage des responsabilités équilibré », selon ses propres mots.
Il reste à savoir comment cela va se traduire dans les actes étant donné que l’élection présidentielle de 2027 sur laquelle tout le monde a les yeux rivés, paraît à la fois si proche et si lointaine.
L’ambition d’une vie
Pour le quotidien catholique La Croix, cette future configuration annoncée du parti présidentiel place de facto Attal « sous surveillance », l’empêchant notamment d’avoir les mains totalement libres.
Pour Gabriel Attal, c’est l’occasion de mettre son empreinte sur le parti. « Notre ambition, avec l’équipe qui m’accompagne et avec vous, militants, cœur battant de notre parti, est claire : rebâtir un parti d’idées, de terrain et de victoires », écrit sur X, celui qui, à 34 ans, était devenu le 9 janvier 2024, le plus jeune Premier ministre de la Ve République.
Même s’il s’est refusé, la semaine dernière, d’évoquer 2027, ce « jeune-premier » y pense sans doute chaque jour un peu plus. Sa phrase évoquant « une histoire à écrire avec les Français » prononcée dans une interview avec Le Point pas plus tard qu’en septembre, trahit cette ambition.