PayPal et la grande industrie du commerce des données personnelles

PayPal et la grande industrie du commerce des données personnelles

27/10/2024 Non Par Styles Edgard

Le célèbre service de paiement en ligne a annoncé vouloir commercialiser certaines informations de sa clientèle auprès d’annonceurs.

L’information pourrait avoir été passée inaperçue, mais elle n’a pas échappé au Wall Street Journal (WSJ). Comme le relève le quotidien américain, PayPal, l’outil de paiement électronique voudrait partager à des annonceurs, certaines données de ses utilisateurs, à compter du 27 novembre prochain.

« Les informations personnelles que nous divulguons comprennent, par exemple, les produits, tailles, préférences et styles que nous pensons vous plairont« , indique l’entreprise dans un communiqué de revue de sa politique de confidentialité disponible sur son site internet.

Les données pourront, selon PayPal, être communiquées à des « partenaires et marchands ». Autrement dit, les annonceurs avec lesquels la plateforme ou ses clients sont susceptibles d’interagir. Il s’agit selon le WSJ, d’une immense base de données incluant les informations potentielles de près de 400 millions d’utilisateurs abonnés au service.

Autant dire une véritable mine d’or pour les annonceurs tiers qui se « gavent » littéralement de ces données à des fins de publicité ciblée. Bien que PayPal laisse le choix aux utilisateurs de consentir ou non à cette pratique, l’expérience montre que ce n’est pas aussi simple.

Le bazar des données bancaires

À en croire le Wall Street Journal, la procédure pour y parvenir est souvent complexe et délibérément obscure. Ainsi, les taux de désabonnement ne dépassent généralement pas 7%, affirme le journal, citant un rapport du Government Accountability Office (GAO) daté de 2020.

« Pour refuser le partage d’informations personnelles avec des partenaires et des marchands pour des expériences d’achat personnalisées, connectez-vous à votre compte et modifiez vos préférences dans les paramètres Données et confidentialité« , précise à cet effet PayPal, dont la politique de partage des données personnelles avec des tiers serait plus transparente que l’exige la loi.

Car oui, la loi fédérale américaine autorise les entreprises à user de certaines données d’utilisateurs à des fins de marketing, à condition d’y être formellement autorisées par ces derniers. La pratique est de fait assez répandue.

Donner le contrôle aux utilisateurs

Selon le GAO, environ 25% des grandes banques du pays y ont recours, à l’exception notable d’American Express et Wells Fargo. Des géants comme Citigroup n’hésitent pas à partager ou vendre diverses informations personnelles, notamment les avoirs en compte, l’historique des transactions, les données démographiques, la géolocalisation, et même les informations professionnelles et éducatives, détaille le Wall Street Journal.

De quoi donner de l’anxiété aux utilisateurs concernés. Car comme l’indique Chi Chi Wu, avocate au National Consumer Law Center, cité par le journal, « personne ne veut découvrir que ses informations bancaires sont partagées sans son autorisation expresse« .

Pour Paul Schwartz, co-directeur du Center for Law & Technology à l’UC Berkeley, plutôt qu’un simple droit de s’opposer (« opt-out ») au partage de leurs informations, les utilisateurs devraient avoir à donner leur accord explicite (« opt-in »). Une réforme qui ne pourrait venir que du Congrès, précise le WSJ.