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Les activités extractives, une bombe à retardement pour la biodiversité

Photo de Curioso Photography sur Unsplash

Les activités extractives menaceraient directement 8% des vertébrés sur terre. C’est la conclusion d’une étude menée par des chercheurs de l’université de Cambridge, au Royaume-Uni. Le rapport se veut une première alerte pour éviter la perte de biodiversité dans le contexte de l’expansion drastique de l’industrie extractive.

Plus de 4 500 espèces dans le monde, soit environ 8 % des vertébrés recensés par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), seraient menacées par les activités extractives, c’est-à-dire les forages pétroliers et gaziers ainsi que l’exploitation minière. Celle-ci, en particulier, coïncide avec les « points chauds de la biodiversité » (« biodiversity hotspots » en anglais). Notamment les Andes, l’Afrique occidentale et centrale côtière, ainsi que l’Asie du Sud-Est.

Les espèces vivant dans des habitats d’eau douce particulièrement touchées par les activités extractives

Ces « points chauds » abritent par définition une très forte diversité d’habitats et d’espèces, dont certaines n’existent nulle part ailleurs sur Terre. Parmi les 4 500 vertébrés terrestres en danger figurent les poissons d’eau douce, les reptiles, les oiseaux, les amphibiens et les mammifères. Les espèces vivant dans des habitats d’eau douce sont particulièrement touchées, note l’étude. Cette menace se repartit globalement sur la planète entre Amérique du sud, Afrique de l’Ouest et Arctique.

Les activités extractives représentent aussi un risque important pour les plantes et les invertébrés

Si leur recherche n’a porté que sur les animaux vertébrés, les chercheurs de l’université de Cambridge affirment que les activités extractives peuvent aussi représenter un risque important pour les plantes et les invertébrés avec la déforestation. Ces activités affectent par conséquent les puits naturels de carbone qui atténuent le changement climatique. Par ailleurs, la menace ne se limiterait pas à la zone géographique immédiate des mines et forages.

Les espèces vivant à de grandes distances également impactées

En effet, les espèces vivant à de grandes distances peuvent aussi être affectées, soulignent les auteurs de l’étude. Ainsi, la pollution de la mer, par exemple, touche des centaines de milliers de kilomètres carrés de rivières et de plaines inondables. C’est ainsi que les poissons d’eau douce sont atteints. En 2010, par exemple, l’explosion sous-marine de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon avait provoqué une marée noire sur 15 000 km2 dans le golfe du Mexique.

Les activités extractives, un problème à plus grande échelle

Quant aux mines, elles ont une empreinte directe sur plus de 100 000 kilomètres carrés dans le monde. Les plus problématiques sont les mines de minéraux métalliques, qui affectent 479 200 km de rivières et 164 000 km2 de plaines inondables. Cette extraction minière entraîne tout un ensemble de menaces directes et indirectes pour la biodiversité, dont la perte et/ou la dégradation de l’habitat. La pollution à grande distance inquiète d’autant que 37 % de la masse terrestre se trouve à moins de 50 km d’une carrière, notamment les aires protégées…

Notre transition énergétique en question

Avec la demande croissante de métaux, de pétrole et de gaz dans le monde, la situation ne devrait pas s’améliorer. Les chercheurs estiment que le plus grand risque pour la biodiversité vient de l’extraction de matériaux essentiels à notre transition énergétique, tels que le lithium et le cobalt. Ces ressources minières sont essentielles à la fabrication des panneaux solaires, éoliennes et voitures électriques. Or, elles se trouvent souvent dans des zones sensibles de la biodiversité mondiale.

Il faudrait miser sur la création d’une économie plus circulaire

Leuan Lamb, chercheur à l’université de Sheffield (Royaume-Uni) et coauteur de l’étude, affirme que le « rapport peut éclairer les choix concernant les priorités d’extraction de nos minerais afin de causer le moins de dommages possible à la biodiversité ». Selon lui, c’est une première étape essentielle pour éviter la perte de biodiversité dans le contexte de l’expansion drastique de l’industrie extractive. Les chercheurs recommandent aux politiques futures de promouvoir l’économie plus circulaire, en augmentant le recyclage et la réutilisation des matériaux, plutôt que de se contenter d’en extraire davantage.

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