Financement des hydrocarbures : BNP Paribas montre patte blanche
09/05/2024Assignée en justice pour sa contribution au changement climatique, BNP Paribas jure qu’elle ne finance pas les hydrocarbures. Face au Sénat cette semaine, son directeur général Jean-Laurent Bonnafé a déclaré que ceux qui jugent du positionnement des banques dans le secteur de l’énergie classent son entreprise parmi les meilleurs.
Auditionné lundi au Sénat dans le cadre de la commission d’enquête sur TotalEnergies, Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, a juré que sa banque ne finance pas la production et l’expansion des hydrocarbures. Ce serait du passé maintenant. Il assure même que les ONG environnementales ont une image tronquée de son entreprise.
BNP Paribas figurerait parmi les banques exemplaires
Face au Sénat, Jean-Laurent Bonnafé a laissé entendre que ceux qui jugent du positionnement des banques dans le secteur de l’énergie classent très bien son groupe et même le placeraient parmi les meilleurs. Pourtant, le rapport annuel Banking on climate chaos, qui répertorie les financements des banques dans les énergies fossiles, considérait BNP Paribas comme le premier investisseur européen dans les activités pétro-gazières en 2022.
La banque continue de financer les combustibles fossiles, selon les ONG
A cause de ses financements dans les hydrocarbures, plusieurs ONG l’ont même assigné en justice en février 2023. Une action inédite dans le secteur bancaire. Les organisations environnementales reconnaissent que BNP Paribas a bien prévu de stopper les financements dédiés à l’exploration et la production pétrolière. Mais elles précisent que le groupe n’a pas exclu le soutien financier aux majors, comme TotalEnergies. Ce dernier a des activités dans le pétrole et le gaz.
BNP Paribas veut atteindre moins de 10 % de fossiles dans son portefeuille en 2030
Les ONG rappellent d’ailleurs que BNP Paribas reste le 5e financeur mondial des énergies fossiles, avec 55 milliards de dollars accordés entre 2016 et 2021 aux géants pétroliers et gaziers. Pour distraire les activistes, ces compagnies polluantes promeuvent des projets verts. Mais personnes n’est dupe, il s’agit bien d’un greenwashing. Jean-Laurent Bonnafé, lui, vit une autre réalité. Selon lui, sa banque a bel et bien enclenché le processus de désengagement des combustibles fossiles. L’établissement aurait prévu d‘atteindre moins de 10 % de fossiles dans ses investissements en matière d’énergie d’ici 2030.
BNP Paribas finance de grands projets en énergies vertes, répond son DG
Le dirigeant a également déclaré que BNP Paribas s’investit parallèlement dans les projets bas carbone et d’énergies vertes. Il a évoqué précisément 17 grands projets qui permettront de subvenir aux besoins annuels en électricité de plus de 15 millions de foyers. Par ailleurs, la banque soutiendrait financièrement le plus grand parc éolien maritime du monde, au Royaume-Uni. Lorsque Yannick Jadot, rapporteur de la commission d’enquête, l’a interpellé sur le décalage entre son discours et celui des ONG, le patron a pointé des erreurs méthodologiques dans les études présentées.
Les banques américaines et asiatiques feraient pire
Laurent Bonnafé prend en exemple un prêt exceptionnel de 8 milliards d’euros accordé à TotalEnergies confronté à une crise. Il s’agit en fait de permettre au groupe pétrolier et gazier de se relever, pas nécessairement de financer des hydrocarbures…De toutes les façons, le directeur général pense qu’on dresse un portrait assez épouvantable de BNP Paribas. Il conseille de regarder du côté des banques américaines et asiatiques pour se rendre compte que c’est bien pire. « Même si ce n’est pas parfait à 100 %, nous sommes tellement mieux », estime M. Bonnafé.
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