Homophobie dans le football : « Rouge Direct » signe forfait

Rouge Direct, le collectif français de lutte contre l’homophobie dans le football, a annoncé la cessation de ses activités face au cyber harcèlement massif et aux menaces de mort. Aussi, dénonce-t-il la démission de l’Etat ainsi que des instances sur cette question.

Après avoir annoncé la suspension de ses activités fin octobre, Rouge Direct a indiqué mardi qu’il cesse définitivement d’exister.  Le collectif français de lutte contre l’homophobie dans le football dit avoir pris cette décision face au cyber harcèlement homophobe massif et aux menaces de mort à l’encontre de ses membres. Dans un communiqué publié par l’AFP, Rouge Direct relève la multiplication des manifestations d’homophobie dans les stades de football du championnat de France et une hausse des injures violemment homophobes.

Démission de l’Etat dans ses obligations de protection des LGBT

Malgré ces actes intolérables, regrette le collectif, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra n’a pas pu exprimer publiquement et spontanément un message de soutien aux militants des droits humains LGBT en danger. Elle aurait même refusé de signaler les faits de violence et de harcèlement au Procureur de la République. Pour Rouge Direct, il y a clairement un « écart entre ses paroles sur la tolérance zéro contre l’homophobie et ses actes anecdotiques contre ce fléau qui tue ». Son attitude aurait mis en évidence « la démission de l’État dans ses obligations de protection de la minorité LGBT ».

La FFF et la LFP minimiseraient l’homophobie

L’association dénonce également « l’inaction totale et coupable » de la Fédération Française de Football (FFF) et de la Ligue de Football Professionnel (LFP). Son porte-parole, Julien Pontes, estime que ces deux instances banalisent l’homophobie dans le football et font régner l’impunité. Pour preuve, l’organisation d’un atelier contre l’homophobie ou le racisme ne rapporte que 100 points pour l’obtention de la nouvelle licence club, alors que l’état de la pelouse vaut 1 300 points sur les 7000 requis.

Un membre de Rouge Direct menacés à domicile par des supporteurs du PSG

Pour rappel, Rouge Direct a été fondé en 2016 pour informer, alerter et dénoncer, depuis les réseaux sociaux ou dans les médias, sur l’homophobie dans le football, tout en apportant un soutien aux victimes. Une équipe de cinq personnes se charge d’abattre ce travail. Si le collectif faisait déjà l’objet d’intimidations, son existence est devenue un cauchemar depuis la dénonciation des chants homophobes entendus dans au Parc des Princes lors du match PSG-OM, le 24 septembre dernier. Après ces incidents, il a reçu plus de 350 menaces de mort. Un membre aurait même reçu à son domicile la visite peu aimable de supporteurs parisiens.

Direct Rouge pose trois conditions pour reprendre la lutte

Depuis lors, les membres du collectif font preuve de plus de vigilance quand ils sortent de chez eux. Mais pour combien de temps encore ? Afin d’éviter le pire, Direct Rouge cesse définitivement ses activités. Cependant, l’organisation pose trois conditions pour reprendre la lutte. D’abord, que la ministre des Sports prenne le temps de signaler les menaces de mort au procureur. Ensuite, qu’elle mette en œuvre ses propositions concrètes. Enfin, que le collectif soit associé aux travaux de l’Instance nationale du supportérisme. Alors que le groupe réclame une réponse rapide et pleine, Amélie Oudéa-Castéra reste silencieuse à ce jour.