Un candidat indépendant au Parlement britannique a eu recours à l’IA pour formuler ses promesses de campagne dans un manifeste électoral.
Élections spéciales
Pour la prochaine élection spéciale pour un siège au Parlement, les électeurs britanniques ont le choix entre 13 candidats. L’un d’entre eux, l’indépendant Andrew Gray, a utilisé l’IA pour formuler ses promesses de campagne.
Gray n’a pas d’idéologie politique propre. Via un outil IA, il s’est contenté de recueillir les sentiments des électeurs. Pour cela, il s’est tourné vers l’apprentissage automatique pour l’élaboration de son manifeste politique. Selon lui, la technologie est un moyen plus rapide et plus juste pour refléter largement les opinions des personnes que les politiciens représentent.
Gray explique que l’IA permet d’interagir avec les électeurs d’une nouvelle manière. Il précise cependant que cela ne modifie pas forcément le rôle du représentant. Cela revient juste à savoir ce qui se passe beaucoup plus rapidement, ce qui permet, selon lui, une représentation plus équitable.
Suite à la démission immédiate du législateur conservateur Nigel Adams, des élections législatives partielles se tiendront cette semaine à Selby et Ainsty, au nord de l’Angleterre. Il devrait s’agir d’une bataille très disputée entre les conservateurs au pouvoir, le parti travailliste et les libéraux démocrates. Plusieurs petits partis et indépendants sont également en lice.
Utilisation du logiciel IA Pol.is
Conçu avec le logiciel IA Pol.is, le programme politique de Gray propose une hausse des impôts, une réforme radicale du service national de santé financé par l’État et des liens plus étroits avec l’UE.
Le logiciel IA Pol.is a été développé par un groupe de Seattle il y a environ une dizaine d’années. Ce logiciel a notamment été utilisé à Taïwan pour résoudre des problèmes politiques sans issue.
« Pol.is n’est pas ChatGPT », explique Gray. « Il s’agit juste d’un sondage légèrement plus sophistiqué que ce qui ce qui existe déjà », précise-t-il.
L’I.A n’est pas si intelligente, estime Gray. Elle ne peut pas générer précisément des politiques. En outre, elle a toujours besoin de modération humaine. L’IA analyse ensuite ce qui serait une position politique sensée.
L’IA favorise le consensus
Gray utilise Pol.is pour sonder les résidents sur les problèmes locaux via son site Web. Les personnes peuvent élaborer des commentaires sur des sujets tels que les vitesses d’Internet. D’autres utilisateurs peuvent alors cliquer sur « d’accord », « pas d’accord » ou « incertain ». Toutefois, ils ne peuvent pas répondre directement à un commentaire.
Ensuite, Pol.is utilise l’apprentissage automatique pour collecter en temps réel toutes les déclarations. L’outil les classe ensuite selon les écarts entre les points de vue et les domaines d’accord. Cela favorise le consensus, explique-t-il.
Gray sait qu’il est peu probable qu’il soit élu. Mais si c’est le cas, il prévoit d’utiliser la technologie pour sonder son quartier « sur base hebdomadaire ». S’il perd, il partagera les données avec le vainqueur du scrutin.
Gray est le premier candidat au Royaume-Uni et probablement dans le monde à utiliser l’IA pour refléter les opinions des électeurs. Keegan McBride, expert en transformation numérique en poste à l’Oxford Internet Institute indique que des partis à travers l’Europe ont déjà utilisé des plateformes numériques dans le but de démocratiser la société. Cependant, les résultats ont été mitigés.
« On observe beaucoup cette vision de type techno-utopique de la démocratie », déclare-t-il. « Mais la démocratie ne va pas être réparée avec une nouvelle technologie ou un nouveau système numérique ou une IA artificielle ou quelque chose de la sorte. Il ne s’agit pas d’un problème technologique. C’est un problème sociologique beaucoup plus complexe que d’utiliser simplement un nouvel outil », conclut-il.