Le pape François a achevé dimanche dernier sa tournée africaine au Soudan du Sud. Durant son séjour de trois jours dans ce pays dévasté par la guerre civile, le chef de l’Eglise catholique a exhorté à la réconciliation et à la paix. Mais son appel suffira-t-il à mettre fin au conflit qui dure depuis dix ans ?
Après un séjour de trois jours en République démocratique du Congo (RDC), le pape François a poursuivi sa tournée africaine au Soudan du Sud, le vendredi 3 févier. Il a également passé trois jours dans ce pays en compagnie de l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, et du modérateur de l’Église d’Écosse, Iain Greenshields. En apothéose de sa visite, le Souverain Pontife a célébré la messe du dimanche au mausolée John Garang en présence de 100 000 fidèles.
Les jeunes invités à écrire l’histoire
Dans son homélie, il a invité les Sud Soudanais et les Sud Soudanaises à s’engager en faveur de la paix et de la réconciliation. Il a surtout écorché les autorités gouvernementales, leur conseillant de « se mettre au service du bien commun ». Le chef du Vatican a notamment évoqué la corruption des élites, la partialité du système judiciaire et les violations des droits de l’homme. Conscient qu’il ne pourra pas compter sur la bonne volonté des politiques, l’évêque de Rome a préféré confier le destin du Soudan du Sud aux plus jeunes. Il les a appelés à « écrire l’histoire de paix » de leur pays et à vaincre les haines ainsi que les violences.
Valoriser et honorer les femmes
Le pape Français a également souligné le rôle des femmes dans la construction du pays. Il estime qu’elles sont « la clé pour transformer » cet Etat, le plus jeune au monde (indépendant depuis 2011). Il appelle donc les hommes à les valoriser et à les honorer, et non à les violer et les utiliser d’une façon cruelle pour satisfaire leur désir. En confiant le destin du Soudan du Sud aux jeunes et aux femmes, le pape François souhaite qu’ils mettent la pression sur leurs dirigeants pour enfin enterrer la hache de guerre. Aussi, il espère que ces citoyens et citoyennes surveilleront désormais les responsables politiques et veilleront à ce qu’ils respectent leurs engagements.
Salva Kiir et Riek Machar toujours en guerre
Le Souverain Pontife sait qu’il ne peut rien attendre des leaders politiques sud soudanais, qui n’ont pratiquement jamais respecté leur parole depuis le début du conflit en 2013. Ces dirigeants ne craignent pas de faire de fausses promesses au représentant de l’Eglise catholique. En 2019, par exemple, le pape François avait reçu les deux frères ennemis Salva Kiir et Riek Machar au Vatican pour parler de paix. Il s’était même agenouillé à leurs pieds, les suppliant de tourner la page de la guerre fratricide. Un geste fort qui n’a pas suscité d’actes concrets de la part des protagonistes, président et vice-président. Sauf un accord de paix exclusif paraphé en 2018, qu’ils promettent de relancer maintenant en signe de bonne foi.