Les comportements en ligne à risque presque normalisés parmi les jeunes
05/12/2022Selon un rapport de l’UE auprès de jeunes âgés entre 16 et 19 ans, près d’une personne sur quatre a déjà trollé quelqu’un sur Internet, rapporte le quotidien britannique The Guardian.
Cette étude souligne en outre que les comportements en ligne à risque et criminels sont susceptibles de se normaliser par toute une génération de jeunes à travers l’Europe. Ce travail montre également qu’un jeune sur trois s’est déjà livré au piratage numérique.
Preuves de comportements déviants
L’étude européenne a découvert des preuves de comportements criminels, à risque et délinquants parmi les jeunes de 16-19 ans dans neuf pays européens.
Menée auprès de 8.000 jeunes, le rapport constate plusieurs types de comportements en ligne risqués :
- un jeune sur 4 a déjà suivi ou trollé quelqu’un en ligne ;
- un jeune sur 8 s’est déjà livré à du harcèlement ;
- un jeune sur 10 à déjà adopté des discours de haine et procédé à du piratage en ligne ;
- un jeune sur 5 a déjà envoyé des sextos ;
- et 4 jeunes sur 10 ont déjà visionné de la pornographie sur Internet.
Selon Julia Davidson, co-auteur de la recherche et professeur de criminologie à l’Université d’East London (UEL), les comportements en ligne à risque et criminels étaient en train de se normaliser parmi une génération entière de jeunes européens.
Davidson a expliqué que cette recherche indiquait qu’une majorité de jeunes dans l’UE se livraient à une forme ou une autre de cybercriminalité. Ce phénomène est d’une telle ampleur que des délits en ligne de bas niveau et la prise de risques en ligne sont devenus presque normalisés.
Davantage d’hommes adoptent des comportements à risque ou criminels. Ainsi, près de trois quarts d’entre eux ont déjà réalisé une forme de cybercriminalité ou pris des risques en ligne. Chez les sujets féminins, ce pourcentage est de 65%.
Comportements en ligne risqués
Cette étude s’est également intéressée aux types de comportements en ligne risqués.
Parmi ceux-ci, le rapport a étudié :
- le visionnage de matériel pornographique ;
- la publication de revenge porn (porno de vengeance) ;
- la création d’images à caractère sexuel auto-générées ;
- et la publication de discours de haine.
Selon les résultats de l’enquête, un peu moins de la moitié des participants ont adopté un comportement en ligne pouvant être considéré comme criminel dans la plupart des juridictions. Il s’agissait par exemple du piratage, du partage non consensuel d’images intimes ou de money muling.
Le Money Muling est un type de blanchiment d’argent. Une mule d’argent est une personne qui reçoit de l’argent d’un tiers sur son compte bancaire. Elle le transfère ensuite à un autre ou le retire en espèces et le donne à quelqu’un d’autre, en obtenant une commission pour cela.
L’étude a en outre révélé que la moitié des jeunes de 16 à 19 ans passaient quatre à sept heures par jour en ligne. Près de quatre sur 10 passent plus de huit heures par jour en ligne, principalement sur les smartphones. Les cinq principales plates-formes les plus utilisées par les participants étaient YouTube, Instagram, WhatsApp, TikTok et Snapchat.
Les neuf pays de l’enquête étaient le Royaume-Uni, la France, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège et la Roumanie. Le pays avec la plus forte proportion de « cyberdéviance » (mélange de comportements criminels et non criminels mais à risque) était l’Espagne à 75 %, suivie de la Roumanie, des Pays-Bas et de l’Allemagne à environ 72 %. Le Royaume-Uni était en bas à 58%.
Nouvelle législation sur les services numériques
L’étude a été entreprise en collaboration avec le centre de cybercriminalité d’Europol, un organisme de l’UE qui travaille avec les agences criminelles de tout le bloc économique, et financée par le fonds Horizon de l’UE. Il appelle à une plus grande éducation des jeunes et des parents sur les comportements potentiellement dangereux en ligne.
Les résultats ont été publiés dans un contexte de réglementation historique en ligne dans l’UE. L’UE vient en effet d’adopter la législation sur les services numériques. Celle-ci oblige les grandes plateformes en ligne et Google à prendre des mesures contre des risques tels que la cyberviolence à l’égard des femmes et les atteintes en ligne aux enfants.