Les assistants vocaux freineraient l’apprentissage et le développement cognitif des enfants
03/10/2022Des assistants vocaux tels qu’Alexa pourraient freiner l’apprentissage et le développement cognitif des enfants, indique une nouvelle citée par le quotidien britannique The Guardian. Selon les chercheurs, ces dispositifs auraient un impact négatif à long terme sur le développement cognitif, la compassion, l’empathie et la pensée critique des plus jeunes d’entre nous.
Les assistants vocaux entravent les opportunités d’apprentissage
Les appareils vocaux servent généralement de « partenaire de conversation » pour les jeunes enfants. Ils peuvent, par exemple, rappeler aux enfants apprenant les règles de propreté d’aller aux toilettes avant de dormir. Ils sont aussi capables de leur narrer des histoires avant de tomber dans les bras de Morphée.
En d’autres termes, de nos jours, les appareils intelligents à commande vocale, aident à élever les enfants presque dès le jour de leur naissance.
Toutefois, parallèlement, l’essor des assistants vocaux (Amazon Alexa, Google Home, Siri d’Apple, etc.) auraient des conséquences à long terme sur l’apprentissage des enfants. Selon une étude parue dans la revue scientifique Archives of Disease in Childhood, ces assistants vocaux impacteraient leur développement social et cognitif, leur empathie, leur compassion et leur esprit critique.
Selon Anmol Arora, co-auteur de l’étude, les impacts des assistants vocaux sur les enfants sont multiples. Ces conséquences comprennent des réponses inappropriées, des entraves aux opportunités d’apprentissage ainsi qu’un frein au développement social.
Anthropomorphisation et imitation des assistants vocaux
Selon Arora, une des inquiétudes est que les enfants associent des caractéristiques et des comportements humains à des assistants vocaux. Le chercheur précise que ces appareils ne sont dans l’ensemble qu’une liste de mots et de sons mélangés pour aboutir à la formation d’une phrase.
Pour Arora, il existe un risque d’anthropomorphisation et d’imitation de ces appareils de la part des enfants. En effet, ceux-ci sont susceptibles de copier l’incapacité de ces assistants vocaux à modifier leur ton, leur volume, leur emphase ou leur intonation.
D’autre part, un autre risque réside dans le fait que ces assistants vocaux n’attendent pas automatiquement que les enfants disent « merci » ou « s’il vous plaît ».
Ces appareils sont limités quant à leur capacité de réponses à différents types de questions. Par conséquent, les enfants sont susceptibles d’apprendre des formes de questionnement très étroites. En outre, ces questions sont toujours formulées comme des demandes.
Les assistants vocaux rencontrent également des problèmes avec la reconnaissance des différents accents. Arora prend l’exemple d’un enfant très jeune incapable de prononcer certains mots correctement. Selon le chercheur, les assistants vocaux peuvent, dans pareil contexte, mal interprété ces mots. L’enfant pourrait alors être exposé à quelque chose d’inapproprié en réponse.
Selon Arora, ces dispositifs ne comprennent pas ce qu’ils disent. Leur fonction consiste à régurgiter des informations répondant à une requête étroite. Ces appareils peuvent mal comprendre cette demande. Les assistants vocaux n’ont en outre aucune compréhension réelle de la sécurité et n’ont pas non plus conscience de celui qui les écoute.
Recâblage du cerveau des enfants
L’utilisation des smartphones et tablettes recâble le cerveau des enfants avec des effets sur le long terme, a expliqué le Dr Ádám Miklósi, auteur d’une étude récente sur le sujet. Selon lui, les entreprises doivent prendre le problème au sérieux.
Pour l’heure, ces assistants vocaux sont assez primitifs. Leurs développeurs ne se soucient pas de l’interaction humaine ou de leurs conséquences sur le développement des enfants. Les concepteurs savent comment les adultes utilisent ces dispositifs. Toutefois, leurs impacts sur les plus jeunes sont très différents.
Selon l’expert, il est nécessaire d’entreprendre davantage de recherches. Miklósi plaide également pour des directives éthiques pour l’utilisation de ces dispositifs par les enfants.
Toutefois, selon Caroline Fitzpatrick, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’utilisation des médias numériques par les enfants, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
Les enfants ont besoin d’un contexte riche pour apprendre et développer un vocabulaire. La chercheuse reconnaît que ces conditions ne sont actuellement pas réunies avec les assistants vocaux. Les enfants ne peuvent pas interagir avec la technologie car celle-ci ne fournit que des outils et un contexte très restreints.
Un enfant déjà timide ou passant trop de temps sur son appareil pourrait développer des compétences sociales de qualité inférieure à celles de ses pairs. Il pourrait avoir des difficultés à utiliser les formules de politesse de base et de mauvaises compétences en communication non verbale. Ces enfants auraient des relations de moindre qualité avec leurs pairs, leurs enseignants et les membres de leur famille et un isolement social accru.
« Cependant, tant que les parents respectent les limites recommandées pour les enfants et qu’ils obtiennent une bonne quantité d’interactions de la part de leurs soignants et de leurs pairs, je ne pense pas qu’il y ait lieu de s’alarmer », conclut Fitzpatrick dans The Guardian.