Emmanuel Macron a effectué une visite officielle de trois jours en Algérie pour relancer les relations entre Paris et Alger. S’il a mis en avant les dossiers de la mémoire et de la diplomatie, le président français a également abordé l’économie avec son homologue Abdelmadjid Tebboune. Il a en particulier parlé du gaz, alors que la Russie ferme progressivement le robinet à l’Europe.
L’Italie a signé un gros contrat avant la France
Emmanuel Macron a effectué une visite officielle en Algérie, du jeudi 25 au samedi 27 août. Pendant ces trois jours, le président français a parlé, avec son homologue Abdelmadjid Tebboune, de plusieurs questions cruciales. Parmi lesquelles le passif colonial, la diplomatie et le gaz algérien, objet de toutes les convoitises et tractations au moment où les livraisons russes s’amenuisent.
L’Algérie possède l’une des plus grandes réserves fossiles d’hydrocarbures au monde avec ses 2 400 milliards de m3. Il est le premier exportateur africain et fournit environ 11 % de sa production à l’Europe, via des gazoducs comme le Transmed. Ces derniers mois, des dirigeants occidentaux ont effectué le déplacement à Alger pour signer des contrats gaziers. Parmi eux, le premier ministre italien Mario Draghi, qui a obtenu une augmentation des importations à travers le géant pétro-gazier ENI.
Se sortir de la dépendance au gaz russe
Emmanuel Macron s’est défendu d’avoir effectué un séjour en Algérie pour quémander de l’énergie. Il a indiqué le faible poids du gaz algérien dans le mix énergétique français, environ 20 %. Il a également assuré que la France a déjà « sécurisé ses volumes » pour l’hiver, et que les stocks actuels s’élèvent à 90 %. Mais ce qu’il oublie de signaler c’est que les contrats essentiels ont déjà été scellés depuis plusieurs mois. Notamment avec l’Italie qui dispose du pipeline Transmed enfoui jusque dans le désert algérien. La France n’aura donc que quelques goûtes d’hydrocarbures…
Une situation qui ne rend pas jaloux Emmanuel Macron. Le président français a remercié, au contraire, l’Algérie de contribuer « à la diversification » des approvisionnements en Europe. Il a principalement parlé des fournitures de gaz à l’Allemagne et à l’Italie, qui a déjà importé 13,9 milliards de m3 depuis le début de cette année (+113%). A titre de comparaison, la France a acheté seulement 3,6 milliards de m3. Le chef de l’Etat se soucierait donc plutôt de la souveraineté énergétique des autres pays européens jusqu’ici trop dépendants du gaz de la Russie, dont les velléités expansionnistes sur l’Ukraine inquiètent l’Europe.
Dénonciation du sentiment anti-français
Au cours de son séjour de trois jours en Algérie, Emmanuel Macron a également abordé la question de la mémoire, encore trop vive de l’autre côté de la Méditerranée. Face aux partisans de l’oubli, le président français a appelé à regarder le passé colonial français « avec courage ». Dans ce cadre, il a annoncé la mise en place d’une commission mixte d’historiens algériens et français pour étudier les archives sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Mais le chef de l’Etat souhaite aussi qu’on avance et ne regarde que l’avenir, qui « n’est pas l’anti-France » ou le « le désamour de la France ». Un sentiment qui serait inoculé à la jeunesse algérienne par certaines puissances grâce à une « immense manipulation ».