Dans le cadre de sa campagne d’entre-deux tours, Emmanuel Macron s’est rendu le jeudi au Havre, ville administrée par son ex-Premier ministre Édouard Philippe. Au cours de ce déplacement, le Président sortant a tenté de convaincre les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Yannick Jadot de voter pour lui le dimanche 24 avril prochain. Une entreprise qui s’est avérée difficile.
Macron face à un professeur déçu
Après Strasbourg le mardi, Emmanuel Macron s’est rendu le jeudi au Havre, une ville administrée par Édouard Philippe. Aux côtés de son ancien Premier ministre, il a visité le port, plus grande plateforme française pour les conteneurs, et l’usine de production d’éolienne en mer Siemens Gamesa. Au cours de cette visite, le président sortant a défendu les énergies renouvelables et particulièrement les éoliennes alors que sa politique environnementale est considérée comme un échec total. Il a aussi adressé un message aux électeurs de gauche, eux aussi très sensibles à la question de l’écologie.
Emmanuel Macron a notamment fait face à un professeur d’histoire très remonté. Celui-ci a déclaré qu’il n’avait aucune raison de voter pour lui, même si en face il y a le fascisme et le pétainisme. Il a dit ne même pas savoir son projet pour l’école, lui qui enseigne la République depuis plusieurs années. Le candidat LREM lui a repondu avoir notamment réinvesti dans les élèves en CP et CE1 et avoir dédoublé les classes en grande section de maternelle. A l’usine flambant neuve de Siemens Gamesa, Macron a essayé de faire passer un message d’avenir en reconciliant l’écologie et l’industrie. Alors que des pneus brûlaient autour de lui en signe de contestation des salariés du site, le président a parlé de projets dans les énergies renouvelables, en particulier l’éolien et le solaire.
Séduire les électeurs de Mélenchon et Jadot
Le choix du Havre pour sa campagne de l’entre-deux tours n’est pas fortuit. En effet, dans cette commune, le candidat de la France Insoumise (FI) Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête au premier tour avec 30% des voix contre 27,53% pour le président sortant. Au niveau national, il a fini troisième avec 21,95% des votes, derrière Emmanuel Macron (27,85 % des suffrages) et Marine Le Pen (23,15 %), mais devant Eric Zemmour (7,07 %) et Valérie Pécresse (4,78 %). Le candidat Europe Ecologie Les Verts (EELV) Yannick Jadot a obtenu 4,63% des voix.
Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot joueront clairement les arbitres lors du second tour prévu le dimanche 24 avril prochain. L’un a un important électorat et a su capter l’attention des Français par le traitement plus méticuleux des questions sociales. L’autre surfe sur la tendance pour l’écologie, thème cher aux jeunes et jeunes adultes. Emmanuel Macron a choisi de faire siens leurs revendications. Estimant que son projet a été caricaturé, il pense notamment à ramener l’âge légal de retraite à 64 au lieu de 65 ans. Il imagine même un référendum sur le sujet.
Macron favori au second tour
À propos des pensions de retraite actuelles, Emmanuel Macron a rappelé son engagement pour une augmentation de 4% sur la base de l’inflation, dès le mois de juillet car ça urge. Ainsi que sa volonté de conditionner le RSA à des heures d’activités ou de formation. Outre le volet social, le candidat LREM compte défendre son bilan en matière d’écologie. Celui-ci est jugé catastrophique par la majeure partie des Français. Tout en se disant plus écolo que son adversaire, Marine Le Pen, Macron prévoit d’investir 50 milliards d’euros dans la transition écologique chaque année pour son prochain quinquennat.
Cette enveloppe servira notamment à doter la France de 50 parcs éoliens en mer pour 2050. Pour aller plus loin, le président français promet de faire des amendements à son programme et de les dévoiler dans les prochains. Ces propositions suffiront-elles à convaincre de Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot ? Selon la dernière enquête Elabe pour BFMTV, 35% des électeurs du candidat LFI se disent prêt à voter pour Emmanuel Macron. Mélenchon a demandé à ses militants, au soir du premier tour, de ne surtout pas « donner une seule voix à Madame Le Pen » sans appeler à voter l’adversaire. Yannick Jadot, lui, appelle à « faire barrage à l’extrême droite » en votant pour Emmanuel Macron. Selon Ipsos-Sopra Steria, le président devrait l’emporter le 24 avril prochain avec 55% des voix.