L’IA peut maintenant détecter une maladie cardiaque via un scan des yeux
28/01/2022Des chercheurs ont réussi à développer un système d’intelligence artificielle (IA) capable de détecter si un patient est susceptible de souffrir d’une maladie cardiaque. Celui-ci se base sur un scan oculaire réalisé lors d’une consultation chez un opticien ou dans une clinique ophtalmologique.
Les modifications des vaisseaux sanguins de la rétine peuvent indiquer la survenue d’une maladie cardiaque plus importante, ont reconnu plusieurs médecins.
Entre 70 et 80% de précision dans l’identification d’une maladie cardiaque
Les scientifiques ont utilisé des techniques d’apprentissage en profondeur afin d’entraîner les systèmes d’intelligence artificielle à la lecture automatique des scans rétiniens. Ces systèmes ont permis d’identifierl es personnes pouvant potentiellement souffrir d’une crise cardiaque durant l’année suivante.
Publiée dans la revue Nature Machine Intelligence, cette étude, menée par l’Université de Leeds, indique que le système d’IA des chercheurs a une précision entre 70 et 80%. Celui-ci pourrait servir de deuxième mécanisme de référence lors d’une cardiovasculaire plus profonde, ont-ils expliqué.
Le recours à l’apprentissage en profondeur afin d’analyser les scintigraphies rétiniennes pourrait constituer une révolution dans le dépistage régulier des signes de maladie cardiaque chez un patient, indique encore l’étude.
Les crises cardiaques et les maladies cardiovasculaires constituent la cause principale de décès prématuré dans le monde. Cette situation impacte la mauvaise santé chronique et la misère dans le monde entier, a précisé Alex Frangi, professeur de médecine computationnelle à l’Université de Leeds, responsable principal de la recherche.
Selon lui, cette technique pourrait permettre de révolutionner le dépistage d’une maladie cardiaque. Frangi souligne sur le faible coût des scanners rétiniens et leur utilisation courante chez les opticiens. Le dépistage automatisé des patients peut permettre de les orienter vers des services spécialisés en cas d’identification d’un risque élevé de maladie cardiaque. Ces scanners rétiniens pourraient en outre servir au suivi des premiers indicateurs de maladie cardiaque.
Le professeur de médecine cardiovasculaire de l’Université de Leeds, Chris Gale, a par ailleurs indiqué que ce système d’IA pourrait être utilisé pour décider de traitements préventifs précoces afin de prévenir l’apparition de maladies cardiovasculaires prématurées.
Scans rétiniens basés sur l’apprentissage en profondeur
Durant la période d’apprentissage en profondeur, le système d’IA a analysé les scans rétiniens et cardiaques d’un corpus de plus de 5.000 personnes. Par la suite, il a pu déterminer l’efficacité de pompage et la taille du ventricule gauche uniquement via les scans rétiniens. Le système a pu établir des corrélations entre les modifications cardiaques du patient et la pathologie de la rétine.
Soulignons que l’élargissement d’un ventricule est synonyme de risque important de maladie cardiaque. Enfin, le système d’IA a pu prédire un risque de crise cardiaque dans un délai de 12 mois. Il a pour cela utilisé des données telles que la taille du ventricule gauche, son efficacité de pompage, l’âge et le sexe.
Actuellement, seuls des tests de diagnostic tels que l’imagerie par résonnance magnétique du cœur ou l’échocardiographie permettent de fournir des détails sur le volume et l’efficacité de pompage du ventricule gauche d’un patient. D’une part, le coût de ces techniques est élevé. En outre, ces techniques ne sont disponibles qu’en milieu hospitalier. Elles sont par conséquent inaccessibles aux populations des pays bénéficiant d’un système de santé aux ressources moindres. Par ailleurs, ces techniques augmentent de manière inutile les coûts des soins de santé et les temps d’attente au sein des pays développés.
« Ce système d’AI pour détecter une maladie cardiaque constitue un excellent outil pour tenter de démêler les modèles complexes de la nature. Et c’est ce que nous avons découvert ici, à savoir le schéma complexe des modifications rétiniennes associées aux changements cardiaques », a déclaré Sven Plein, professeur d’imagerie cardiovasculaire à l’Université de Leeds, un des autres auteurs de l’étude.