Selon une étude récente, suite à la flambée du prix du Bitcoin initiée depuis le début de l’année 2021, la crypto-monnaie pourrait avoir une empreinte carbone équivalente à la taille de Londres.
L’économiste néerlandais Alex de Vries a élaboré un indice baptisé « The Bitcoin Energy Consumption Index ». Il s’agit de l’une des plus récentes tentatives d’estimer systématiquement la consommation énergétique du réseau Bitcoin.
République d’Irlande et Norvège
Selon ses calculs, le réseau Bitcoin consommait un volume de 30 térawattheures (TWh) par an, à la fin de l’année 2017. Cela équivalait à la consommation de la totalité de la République d’Irlande.
De nos jours, selon l’économiste, le réseau consomme plus de deux fois, voire même trois fois, plus d’énergie, soit entre 78 TWh et 101 TWh. Il s’agit d’une quantité équivalente à peu près à peu près à celle de la Norvège.
Le minage des nouveaux bitcoins est réalisé via des ordinateurs capables d’effectuer des calculs très complexes. Plus la quantité de bitcoins est importante, plus la durée nécessaire à l’extraction de nouvelles pièces de monnaie est significative. En outre, davantage d’électricité est nécessaire durant ce processus.
Le prix de l’électricité utilisée représente environ 60% des coûts relatifs à l’extraction de bitcoins, indique Alex de Vries. Plus l’argent gagné par les mineurs est important, plus ils pourront dépenser pour le minage de Bitcoin.
Consommation d’énergie
Toutefois, on constate souvent un retard de la consommation d’énergie par rapport aux fluctuations de la devise. Cela se doit au temps nécessaire aux mineurs de Bitcoin pour faire l’acquisition de nouveau matériel.
Selon l’économiste néerlandais, la consommation d’énergie pourrait augmenter significativement sous peu à cause des hausses récentes du prix de Bitcoin, étant donné que les nouveaux mineurs et ceux plus aguerris réalisent des investissements dans l’achat de matériel supplémentaire.
En janvier 2021, le prix d’un Bitcoin équivalait à 42.000 dollars. Si cette évolution se poursuit, les mineurs de Bitcoin pourrait générer des gains d’un peu plus de 15 milliards de dollars par an.
Selon de Vries, étant donné que 60% de ces gains sont destinés au paiement de l’électricité, à un prix de 0,05 dollars le kilowattheure (kWh), l’ensemble du réseau de Bitcoin pourrait atteindre une consommation de 184 TWh par an.
Empreinte carbone
Cette consommation d’énergie équivaut à peu près à celle de 200 TWh utilisés par chaque datacenter dans le monde. En d’autres termes, étant donné la taille de l’empreinte électrique du Bitcoin, les émissions de carbone sont substantielles.
L’étude avance l’hypothèse que chaque kWh consommé produit de 480 à 500 g de dioxyde de carbone. Par conséquent, une consommation totale d’énergie de 184 TWh équivaudrait à une empreinte carbone de 90,2 millions de tonnes de CO2. Ce volume équivaut à peu près aux émissions de carbone générées par la zone métropolitaine de Londres, explique Alex de Vries dans le journal Joule.
Autres impacts de la croissance du Bitcoin
Outre la consommation d’électricité, les mineurs de Bitcoin ont besoin d’ordinateurs puissants. Ils ont besoin de puces informatiques spécialisées dans l’exploitation minière. Et pour cette production, le fournisseur le plus important, Bitmain, devrait utiliser la capacité d’un mois des deux seuls fabricants de puces au monde capables de produire un tel silicium à haute puissance.
Les décideurs politiques devraient suivre l’exemple des régions qui ont fait pression sur les mineurs de bitcoins, comme le Québec au Canada, estime de Vries. Dans cette région du monde, un moratoire sur les nouvelles opérations minières a été imposé. L’Iran a, quant à lui, décidé de confisquer l’équipement minier de Bitcoin, étant donné que le pays connaissait des pannes dues à l’extraction de crypto-monnaie.
De Vries indique encore que même si le Bitcoin peut être une monnaie décentralisée, divers aspects de son écosystème ne le sont pas.
Selon lui, des tarifs d’électricité plus élevés peuvent être appliqués aux mineurs. Des moratoires peuvent également ciblés ces derniers. Les mineurs peuvent également se voir confisquer l’équipement qu’ils utilisent.
En outre, seule une poignée d’entreprises ne se chargent de l’approvisionnement des systèmes d’extraction spécialisés. Par conséquent, des taxes peuvent être appliquées aux fabricants tels que Bitmain comme c’est le cas pour les compagnies de tabac. Une limitation de l’accès des mineurs à la production de puces peut également être décidée.