Un article récent, présent dans un magazine géré par une maison d’édition chargée de l’actualité agricole, laisse sous-entendre que la consommation de vin serait une protection face au Coronavirus. Or, cela est totalement faux puisque l’alcool augmente le danger d’infection au Coronavirus et aussi celui d’un développement d’une forme lourde de la maladie (sans oublier les violences et les problèmes dépressifs provoqués par cela). Ainsi, ce genre d’articles contribue à engendrer de l’incompréhension dans la population sur la manière dont la science médicale marche et sur la façon dont les experts de la communauté biomédicale arrivent à des conclusions pertinentes. Découvrons pourquoi.
Un titre puissant et parlant
Une nouvelle étude l’affirme : le vin est une protection efficace face au Coronavirus. En tout cas, c’est ce que dit le titre de l’article publié, avec une étude, dévoile à ce sujet. Débutons par l’analyse du titre. Tout d’abord, une unique étude ne peut pas confirmer une quelconque hypothèse. En effet, il est nécessaire d’effectuer différentes expériences à la suite, offrant chacune ses propres preuves, qui engendreront par la suite une conclusion.
Second point : le titre est trop flou. En effet, que signifie réellement une protection face au Coronavirus ? Est-ce que consommer du vin offre une protection face au Coronavirus ? Cela permet-il de diminuer les chances d’attraper une forme lourde ? Quelle dose de vin faut-il boire afin d’être protégé ? Est-ce que tout le monde est concerné ? Découvrons ce que nous dit l’article afin de répondre à ces différentes interrogations.
Un article teinté de malhonnêteté
L’introduction offre une autre vision de l’actualité. En effet, cette dernière affirme que l’acide tannique présent dans le raisin et le vin stoppe l’action de deux enzymes majeures du Covid-19. À son contact, ce dernier ne peut plus pénétrer dans les cellules humaines. Ainsi, l’article fait croire que le vin offre une réelle protection face au Coronavirus. Par conséquent, un titre plus pertinent aurait été : si vous êtes une culture de cellules, l’acide tannique stoppe des enzymes clés nécessaires à l’infection du Covid-19. La confusion à ce niveau règne dans énormément d’articles, comme dans celui du célèbre journal Le Parisien. Au final, le souci ici n’est autre que celui du raisonnement réductionniste au niveau des sciences empiriques. D’ailleurs, le domaine de la médecine en a déjà été la victime dans le passé.
Afin de trier diverses pistes de recherches, la science fondamentale est nécessaire. D’ailleurs, c’est un travail poussé qui avait été effectué l’an dernier par huit équipes d’experts internationaux afin d’identifier la totalité des cibles pharmacologiques possibles du Coronavirus et les traitements présents sur le marché. Par contre, quand l’étape du traitement arrive, des raisonnements mécanistes – qui sont de type biochimiques ici – ne sont plus suffisants. Il faut savoir que la médecine est une science fondamentalement empirique. Il faut par conséquent, durant la dernière étape de tests (cela signifie pendant les essais du genre contrôlés randomisés ou les études portant sur la pharmacovigilance) ne pas prendre en compte et même laisser de côté les raisonnements afin de seulement tester.
Une recommandation dangereuse
Toujours dans une logique semblable, l’article complimente les polyphénols ainsi que les tanins présents dans le vin, en se basant sur des études effectuées in vitro. Or, savez-vous ce qui est présent aussi dans le vin ? De l’alcool évidemment ! Il faut garder à l’esprit que le vin est avant tout une boisson alcoolisée. Sachez que les acides (en incluant les tanins) contenus dans le vin pèsent trois à neuf grammes de la totalité du contenu dans un litre alors qu’il y a 80 grammes d’alcool en moyenne. Pensez-vous alors réellement qu’il est possible d’effectuer l’extrapolation des résultats d’un traitement par rapport à des cultures de cellules via une molécule isolée, avec une dose spécifique et la consommation d’une boisson alcoolisée qui fait tant de ravages chez l’homme ?
L’article finit avec la citation d’un expert espérant qu’un traitement pharmacologique soit conçu bientôt grâce à ces résultats. Or, on ne conçoit pas un traitement comme cela. Effectivement, afin qu’un scandale semblable à celui de l’hydroxychloroquine n’éclate pas, des structures dont la mission est d’effectuer une multitude d’expériences précliniques existent afin de diriger les efforts dans les directions ayant le plus de probabilité d’offrir d’excellents résultats.
Ce qui est difficile dans cette phrase finalisant l’article, c’est le conseil du chercheur et son interprétation par la revue viticole. Ce dernier recommande aux individus, en patientant jusqu’à la conception d’un traitement, de manger des aliments abondants en tanins. Il oublie néanmoins, volontairement ou non, que cela n’a pas de sens. La composition d’un aliment est difficile et est en interaction avec plusieurs autres molécules. Les doses n’ont rien à voir avec celles des expériences in vitro. Idem par rapport au mode d’administration. Afin de vous protéger parfaitement (cela signifie avec des mesures ayant des effets assez efficaces) face au Coronavirus, laissez de côté le vin. L’unique chose réellement performante reste bel et bien le respect des mesures barrières.