Selon un groupe de psychologues des Pays-Bas, nous avons tendance à nous fermer progressivement lorsque nous utilisons des applications de rencontres en ligne. En d’autres termes, plus les utilisateurs voient des profils en ligne, plus ils les rejettent.
Les résultats de cette nouvelle étude ont été publiés dans la revue Social Psychological and Personality Science.
Rejet des partenaires potentiels
Selon l’étude néerlandaise, le flux d’options visiblement infinies disponibles sur les plateformes de rencontre en ligne est susceptible d’augmenter les sentiments d’insatisfaction au sujet de la recherche d’un partenaire. Cela conduirait ensuite au rejet des partenaires potentiels.
« Nous savons qu’être aimé est une condition préalable à une vie heureuse. J’ai toujours été fascinée par la manière dont les personnes recherchent l’amour », explique Tila Pronk, auteure principale de l’étude et professeure adjoint de psychologie sociale à l’Université de Tilburg.
Comment les personnes recherchent-elles un partenaire amoureux ? Qu’est-ce qui fait qu’elles sont intéressées par une personne et pas par une autre ? Ces questions sont devenues encore plus pertinentes depuis que le paysage des rencontres a radicalement changé au cours de la dernière décennie.
Un nombre croissant de célibataires dans la société
« Grâce aux rencontres en ligne, les possibilités de rencontrer des nouveaux partenaires sont beaucoup plus nombreuses qu’auparavant. Toutefois, en même temps, il n’y a jamais eu autant de célibataires dans la société occidentale », explique Pronk. « Je voulais étudier ce paradoxe, et je l’ai fait en développant un paradigme de rencontre similaire à l’application de rencontres en ligne la plus populaire : Tinder. »
Pronk et ses collègues ont mené trois expériences sur des personnes célibataires hétérosexuelles. Ils se sont concentrés sur les personnes âgées de 18 à 30 ans. Ce groupe d’âge est le plus susceptible d’être impliqué dans la recherche en ligne de relations amoureuses.
Lors de la première expérience, les chercheurs ont montré à 315 participants entre 45 et 90 photos de partenaires potentiels sur un écran d’ordinateur. On leur a ensuite demandé d’appuyer sur un onglet représentant un cœur vert pour accepter l’image ou sur une croix rouge pour rejeter la photo. La seconde expérience s’est centrée sur 158 autres personnes. Les participants ont utilisé leurs propres photos pour l’expérience et ont été informés lorsqu’il y avait un « match ».
Lors de la troisième expérience, 305 participants ont observé 50 photos de partenaires potentiels, divisés en blocs de 10. Chaque fois qu’ils ont terminé un bloc, les participants ont répondu à plusieurs questions sur leur expérience de la tâche.
Résultats
Les chercheurs ont constaté que le taux d’acceptation avait diminué au cours de la procédure de rencontre en ligne au cours des trois expériences. Durant la troisième expérience, les scientifiques ont obtenu quelques pistes au sujet des causes de cette diminution du taux d’acceptation. Les participants ont fait preuve d’une diminution de la satisfaction à l’égard des images au fil du temps. Par ailleurs, on a constaté un pessimisme croissant chez les sondés à l’idée d’être eux-mêmes acceptés. Ce phénomène a ensuite accru leur tendance à rejeter les partenaires potentiels.
« L’accès continu à un bassin presque illimité de partenaires potentiels lors de rencontres en ligne a des effets secondaires négatifs : cela rend les personnes plus pessimistes et elles ont tendance à rejeter davantage les partenaires potentiels », a déclaré Pronk.
« Nous avons appelé ce phénomène la « mentalité de rejet ». La conséquence de cet état d’esprit de rejet est qu’au fil du temps, les personnes « se détachent » des possibilités d’accouplement lors de rencontres en ligne. »
État d’esprit de rejet davantage présent chez les femmes
Cet état d’esprit de rejet semble être particulièrement fort chez les femmes.
« Ce sexe est déjà beaucoup moins susceptible d’accepter des partenaires potentiels pour commencer », ont déclaré les chercheurs. « Par conséquent, l’avantage initial que les femmes ont d’avoir un match est dissout lors du processus de rencontres en ligne. »
Des recherches futures pourraient examiner si un état d’esprit de rejet se développe dans d’autres domaines de la vie.
« Les rencontres en ligne ne sont pas le seul domaine de la vie dans lequel les options de choix se sont considérablement élargies », a expliqué Pronk.
« Qu’il s’agisse de choix quotidiens relativement banals (par exemple, les achats à l’épicerie) ou de décisions majeures dans la vie (par exemple, acheter une maison), les personnes font désormais face à plus d’options que jamais. Il reste à tester si un état d’esprit de rejet s’applique également à ces contextes. »
« De plus, il serait intéressant de tester si l’état d’esprit de rejet est spécifique aux rencontres en ligne ou s’il se généralise à d’autres formes de rencontres (par exemple, les speed dating). »