La nature réelle ou virtuelle est un remède contre l’ennui et l’anxiété
27/10/2020La nature nous est devenue si étrangère que le simple fait de visionner des images de celle-ci nous remonte le moral.
Selon une étude récente, le simple fait de visionner des émissions sur la nature à la télévision ou via un casque de réalité virtuelle réduit nos sentiments de tristesse et d’ennui. D’autre part, l’exposition à la nature « réelle » serait à même d’augmenter les effets positifs sur notre moral et d’en diminuer les effets négatifs.
Selon les scientifiques de l’Université d’Exeter, les scènes de nature nous apaisent, qu’il s’agisse de véritables séquences vidéo d’un récif de corail ou d’images créées par ordinateur.
Remède contre l’ennui
« Nos résultats montrent que le simple fait de regarder la nature à la télévision peut aider à améliorer l’humeur des personnes et à lutter contre l’ennui », a expliqué Nicky Yeo, chercheur principal de l’étude, dans un communiqué de presse. « Les personnes du monde entier étant confrontées à un accès limité aux environnements extérieurs en raison des quarantaines de Covid-19, cette étude suggère que les programmes sur la nature pourraient offrir un moyen accessible aux populations de bénéficier d’une « dose » de nature numérique. »
Cette conclusion est loin d’être surprenante. Les humains ont une affiliation innée pour la nature connue sous le nom de « biophilie », à savoir le fait d’aimer le vivant. Selon le biologiste américain Edward O. Wilson, inventeur de ce concept, les humains ont une tendance innée à se chercher des liens avec la nature et avec d’autres formes de vie. Wilson décrit d’ailleurs la biophilie comme « le riche plaisir naturel ressenti lorsque nous sommes entourés d’organismes vivants ».
Depuis des siècles, on connaît les vertus réparatrices de la nature sur le corps et sur l’esprit de l’homme. Des études précédentes ont ainsi corroboré l’hypothèse selon laquelle la médiation numérique de la nature active notre biophilie en simulant la réalité. En 2017, des chercheurs travaillant pour le compte de la BBC ont découvert que regarder des clips du documentaire britannique Planet Earth II réduisait l’anxiété du spectateur.
Selon une autre étude, le visionnage de documentaires sur la nature atténuerait l’agressivité chez les détenus des prisons de très haute sécurité.
Réalité virtuelle
Selon le Dr Peter Kahn, professeur de psychologie et directeur du Human Interaction With Nature and Technological Systems Lab de l’Université de Washington, le profit que tirent les humains de la nature numérique dépend du contexte de première main dans laquelle nous l’observons.
« Les adolescents qui ont grandi dans les zones urbaines peuvent mettre un casque de réalité virtuelle et prendre conscience d’un endroit sauvage, mais cette conscience visuelle est coupée de l’interaction avec ce lieu. Au fur et à mesure que les enfants grandissent dans des zones moins naturelles, ils ont moins d’expériences avec la nature réelle, et donc, lorsqu’ils font l’expérience d’une version technologique de la nature, ils ont moins à cartographier. De cette manière, les avantages physiques et psychologiques tirés de la nature technologique par cette génération diminueront probablement lors des générations à venir. »
L’accès à la nature est un privilège
« Pour de nombreuses personnes, l’accès aux lieux sauvages est un privilège de plus en plus rare. D’ici 2050, près de 70% de la population de la Terre vivra dans des zones urbaines, selon un rapport de l’ONU. La nature techniquement simulée peut être un outil utile et même nécessaire pour fournir aux habitants des villes le bien-être psychologique auquel ils ne pourraient pas accéder autrement. Et à l’heure actuelle, avec une grande partie du monde en confinement, la « nature numérique » vaut mieux que rien », écrit Adrienne Matei, journaliste du quotidien britannique The Guardian.
Toutefois, la technologie ne remplacera jamais les expériences dans la nature réelle. La technologie ne peut pas non plus vraiment atténuer le risque d’aliénation à long terme du monde naturel, surtout si nous ne consommons que des séquences vidéo anodines de créatures mignonnes dans des environnements sereins.
Les types de documentaires sur la nature qui sont probablement les plus bénéfiques pour le spectateur ne sont pas particulièrement apaisants. Ils présentent un portrait honnête de la destruction que les humains ont provoquée sur la Terre et de ce qui est en jeu si nous ne faisons rien.