« L’humanité est à la croisée des chemins », met en garde l’ONU dans son cinquième rapport sur les perspectives mondiales de la diversité biologique. Tous les objectifs d’Aïchi, établis en 2010, en vue de protéger la faune et les écosystèmes ont échoué, rapporte The Guardian.
En d’autres termes, selon ce rapport dévastateur, le monde n’a pas réussi à atteindre un seul objectif pour endiguer la destruction de la nature dans son ensemble au cours de la dernière décennie.
Deuxième année consécutive
La communauté internationale n’a pleinement atteint aucun des 20 objectifs d’Aïchi en matière de biodiversité convenus au Japon, il y a une décennie, afin de ralentir le déclin du monde naturel. Qu’il s’agisse de la lutte contre la pollution ou de la protection des récifs coraliens, les gouvernements n’ont pas réussi â tenir leurs objectifs pour endiguer la dégradation de la biodiversité pour la deuxième année consécutive.
Selon le Global Biodiversity Outlook 5, malgré les progrès réalisés dans certains domaines, les habitats naturels ont continué de disparaître et un grand nombre d’espèces restent menacées d’extinction par les activités humaines.
Seuls six objectifs ont été partiellement atteints dont ceux concernant les aires protégées et les espèces envahissantes. Alors que les États-membres de la Convention sur la diversité biologique (CDB) de l’ONU n’ont pas réussi à protéger 17% des zones terrestres et des eaux intérieures et 10% des habitats marins, 44% des zones vitales pour la biodiversité font désormais l’objet d’une protection, contre 29% en 2000.
Le monde naturel se détériore
Le monde naturel se détériore, indique l’ONU. En outre, le fait de ne pas agir pourrait saper les accords de Paris sur le climat et les objectifs de développement durable. Elizabeth Maruma Mrema, la secrétaire exécutive de la CBD, a déclaré que l’humanité se trouvait à un carrefour qui déciderait de la manière dont les générations futures vivront le monde naturel.
« Les systèmes vivants de la Terre dans son ensemble sont compromis. Et en outre, l’humanité exploite la nature de manière non durable et sape ses contributions aux populations. Nous sapons notre propre bien-être, notre sécurité et notre prospérité », a-t-elle déclaré.
Nouveau rapport dévastateur
Ce rapport est le troisième en une semaine à souligner l’état dévastateur de la planète. Le rapport Planète Vivante 2020 du WWF et de la Zoological Society of London (ZSL) a indiqué que les populations mondiales de faune sauvage étaient en chute libre en raison de la surconsommation humaine, de la croissance démographique et de l’agriculture intensive.
L’objectif majeur de réduire de moitié la perte d’habitats naturels, y compris les forêts, n’a pas été atteint. Alors que les taux de déforestation mondiaux ont diminué d’environ un tiers au cours des cinq dernières années par rapport aux niveaux d’avant 2010, la dégradation et la fragmentation des écosystèmes riches en biodiversité dans les tropiques restent élevées. Les zones de nature sauvage et les zones humides ont continué de disparaître et les écosystèmes d’eau douce restent gravement menacés.
Subventions néfastes
« Nous voyons toujours tellement plus d’argent public investi dans des choses qui nuisent à la biodiversité que dans des choses qui soutiennent la biodiversité », a déclaré David Cooper, secrétaire exécutif adjoint de la Convention sur la diversité biologique, se référant aux 500 milliards de dollars de subventions gouvernementales injectées dans des secteurs néfastes pour diversité biologique.
Bien qu’il y ait eu des progrès dans certaines régions, la proportion de stocks marins surexploités a augmenté au cours de la dernière décennie. De nombreuses espèces non ciblées sont menacées en raison de niveaux non durables de prises accessoires. Par conséquent, l’objectif de gérer et de récolter durablement tous les stocks de poissons et d’invertébrés n’a pas été atteint.
Les déchets plastiques et les excès de nutriments n’ont pas été portés à des niveaux qui ne nuisent pas au fonctionnement des écosystèmes et à la biodiversité dans le monde, indique encore le rapport. Environ 260.000 tonnes de particules microplastiques se sont accumulées dans les océans avec de graves conséquences sur les écosystèmes marins, celles-ci ayant des implications inconnues. La pollution électronique est également mise en avant comme un problème de plus en plus préoccupant, alimenté par des taux de consommation élevés.
Plus de 60% des récifs coralliens du monde sont menacés, notamment en raison de la surpêche et des pratiques destructrices. L’objectif de 2015 visant à minimiser ces menaces n’a pas été atteint. Parmi les objectifs manqués, le rapport pointe aussi la crise climatique, l’acidification des océans et le développement côtier.
Enfin, l’objectif consistant à protéger les écosystèmes vitaux tout en tenant compte des besoins des femmes, des communautés autochtones et des pauvres n’a pas été atteint. Les écosystèmes qui fournissent de l’eau potable, des médicaments et des moyens de subsistance n’ont pas été protégés, affectant de manière disproportionnée les femmes et les communautés vulnérables.
David Cooper a ajouté que l’incapacité à atteindre les objectifs était due au fait que certains gouvernements ne comprenaient pas l’ampleur du défi auquel le monde naturel était confronté.