Si la crise sanitaire engendrée par le coronavirus est encore loin d’être terminée, il est tout de même nécessaire d’anticiper la fin de la crise. Au-delà d’éviter de prendre les populations au dépourvu, une fin de confinement ratée pourrait entraîner une seconde phase de contamination et bloquer de nouveau le pays. En France, le Premier ministre, Édouard Philippe, a annoncé que le déconfinement se ferait probablement par vague et que les Français ne seraient pas tous concernés en même temps.
L’idée d’un « déconfinement régionalisé » ?
Mercredi premier avril, Richard Ferrand, le président de l’Assemblée Nationale, interpellait le Premier Ministre sur la façon par laquelle allait être mise en place la fin du confinement. À cette question, Édouard Philippe a répondu qu’il était « probable » que le « déconfinement » ne se fasse pas « en une fois pour tout le monde« , mais plutôt de façon « régionalisée« .
De son côté, Emmanuel Macron n’a lui pas eu peur d’évoquer la mise en place d’une « stratégie de déconfinement » et qu’il espère présenter aux français « dans les jours ou la semaine à venir« . Il a d’ailleurs assuré que plusieurs équipes travaillaient déjà sur le projet et qu’ils étaient en phase d’expertise des scénarios « en fonction des hypothèses« . Ces hypothèses sous-entendent la manière avec laquelle la France subira le pic de l’épidémie, attendu dans les prochains jours. Édouard Phillippe souhaite tout de même rester prudent face à l’annonce de ce plan. Il évoque en effet que les analyses actuelles se basent « sur le fondement d’informations parfois incomplètes et souvent contradictoires« .
Le risque d’une nouvelle phase de contamination
Le principal risque lié à la fin de la période de confinement est l’arrivée d’une nouvelle de contamination. En effet, comme l’explique Matthieu Revest, le chef du service des maladies infectieuses et réanimation médicale du CHU de Rennes, « On ne lève pas un confinement dès que la courbe du nombre de nouveaux cas s’infléchit. Il va falloir que le nombre de cas s’effondre complètement, pendant longtemps, au moins 15 jours, le temps de l’incubation complète, pour qu’on soit sûr qu’il y ait un arrêt de la circulation du virus« . Autrement dit, il est hors de question de lever de manière trop hâtive les mesures de confinement, sans quoi, le pays plongerait dans une seconde crise sanitaire et la première période de confinement n’aurait servi à rien.
Selon l’épidémiologiste Antoine Flahault, qui vient appuyer cette analyse, « il faudrait entre 50 et 66% de personnes infectées puis immunisées pour éteindre la pandémie« . Un chiffre encore loin d’être atteint en France, qui ne laisse pas envisager de déconfinement avant au moins plusieurs semaines.
Le confinement, une arme à double tranchant
Dans une étude publiée par l’Imperial College, seuls 3% des Français ont été infectés par le coronavirus. Un chiffre positif, mais qui montre également les limites du confinement face à une pandémie. Bien que l’objectif premier qui est de limiter le nombre de morts, soit parfaitement tenu, un problème survient lorsqu’il s’agit d’évoquer la sortie de la période de confinement. En effet, les Français confinés sont protégés de la maladie, mais pas immunisés contre cette dernière. Et il s’agit bien là du problème majeur. De nombreux professionnels du médical expliquent qu’avec de confinement, la population ne peut pas s’immuniser contre le virus et reste, par conséquent, très vulnérable. Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, expliquant à ce sujet que les gestes barrières vont devoir rester en place encore très longtemps : « Au moins pendant quelques mois, nous aurons encore à appliquer les mesures barrières, à être attentifs au lavage des mains, aux distances« .