Vendredi matin, Benjamin Griveaux a annoncé qu’il se retirait de la course à la mairie de Paris. Le renoncement de l’ex-candidat LREM, un des piliers de la Macronie, est la conséquence de la diffusion sur internet de vidéos intimes le concernant.
La diffusion de vidéos intimes mercredi a poussé Benjamin Griveaux, 42 ans, à renoncer à briguer la mairie de Paris vendredi. Son renoncement oblige le parti présidentiel et ses alliés centristes à trouver un autre candidat, à moins d’un mois du scrutin.
Pour dénoncer l’hypocrisie de Benjamin Griveaux
Tout a commencé mercredi soir, quand un artiste russe contestataire, Piotr Pavlenski, publie des vidéos intimes sur un site créé ad hoc et devenu depuis inaccessible. Dans ces vidéos adressées à une femme, on aperçoit un homme se masturbant. On ne voit pas le visage de l’individu, mais il s’agit vraisemblablement de Benjamin Griveaux.
Partagées au départ par une poignée de politiques dans des messages privés, ces vidéos ont ensuite atterri sur les réseaux sociaux, notamment par le biais du député ex-LREM Joachim Son-Forget.
Selon Libération, l’activiste russe Piotr Pavlenski affirme tenir ses vidéos d’une « source » qui avait une relation consentie avec Benjamin Griveaux. Le militant réfugié en France dit avoir voulu « dénoncer l’hypocrisie » de l’élu LRM, « qui dit qu’il veut être le maire des familles et cite toujours en exemple sa femme et ses enfants ».
Piotr Pavlenski, un habitué des palais de justice
Benjamin Griveaux n’envisage pas de démentir les faits. Les messages érotiques ont été effectivement échangés avec une femme qui n’était pas la sienne, en mai 2018, alors qu’il était porte-parole du gouvernement. « Il reconnaît que ce n’est pas la meilleure initiative qu’il ait eue. Mais il s’agissait de dialogues entre adultes consentants. Rien d’illégal. », justifie un de ses proches au Monde.
Samedi après-midi, Benjamin Griveaux a porté plainte contre X et le parquet de Paris a ouvert une enquête.
Piotr Pavlenski a déjà eu affaire à la justice française pour avoir incendié la façade d’une succursale de la Banque de France en octobre de la même année, dans le cadre d’une « performance artistique ».
Dans son pays, l’artiste de 35 ans a aussi fait parler de lui pour ses « performances » choc comme le fait de se coudre les lèvres en soutien au groupe contestataire Pussy Riot. Il avait déjà mis le feu à l’une des portes de la Loubianka, le siège historique des services de sécurité russes, en mai 2015. Heureusement pour lui, il avait seulement dû payer une amende pour retrouver la liberté, après sept mois de détention préventive.
Garde à vue pour le russe et sa compagne
Piotr Pavlenski a été placé en garde à vue samedi après-midi, dans le cadre d’une autre enquête ouverte pour des violences commises le soir du 31 décembre dans un appartement parisien. La justice a dû suspendre cette affaire dimanche pour permettre d’interroger le militant sur l’affaire Griveaux dans le cadre d’une autre garde à vue.
Depuis samedi soir, sa compagne fait également l’objet d’une garde à vue, cette fois spécifiquement dans le cadre de l’enquête qui concerne les vidéos incriminées. Selon une source proche du dossier, c’est elle qui aurait été la destinataire desdites vidéos. Cette femme se retrouve en garde à vue pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » et « diffusion sans l’accord de la personne d’images à caractère sexuel », informe le parquet de Paris.
Que risque Piotr Pavlenski ?
Depuis 2016 et l’adoption de la loi « pour une République numérique », la diffusion de « revenge porn » (ou « vengeance pornographique ») est passible de deux ans d’emprisonnement et 60.000 euros d’amende en France.