#JaiÉtéViolée : les victimes d’agressions sexuelles témoignent sur Twitter
03/01/2020 Non Par Tim Rimbert
Après la diffusion d’une vidéo sur YouTube à propose du consentement et du viol, des centaines de femmes ont pris la parole sur Twitter pour raconter leurs expériences traumatisantes avec le hashtag #Jaiétéviolée. « Nous vous croyons. Vous êtes très courageuses. Vous n’y êtes pour rien. Le coupable, c’est lui. », a écrit l’association NousToutes, en soutien à ces victimes.
Tout a commencé le mercredi 18 décembre 2019, quand Demos Kratos, un ancien étudiant de Sciences Po qui réalise des vidéos sur des sujets de société, publie un entretien avec deux féministes, avec ce titre polémique : « J’ai été un violeur ? ». En introduction, le jeune homme raconte avoir à plusieurs reprises contraint son ancienne compagne à avoir des relations sexuelles, alors qu’il avait entre 16 et 17 ans. « D’autres fois aussi, je me souviens qu’elle avait dit « non », mais je prenais ça pour de la rigolade, du jeu, et au final ça se faisait quand même parce que je pense qu’elle prenait sur elle pour me faire plaisir », confie le YouTubeur qui souhaitait avec cette vidéo faire son mea culpa et inviter les internautes à réfléchir à la notion de consentement et de viol.
« #JaiEteViolee j’ai subi tellement de « viols doux » que je ne les comptes plus »
Rapidement, le hashtag #Jaiétéunvioleur a inondé les réseaux sociaux, particulièrement Twitter. De nombreux hommes ont ainsi fait des posts pour s’excuser de leurs comportements ou du moins se dédouaner. Malheureusement, leurs messages ont suscité l’indignation de dizaines de centaines de femmes qui se sont alors mises à raconter leurs expériences parfois traumatisantes avec leurs compagnons, à travers le mot clé #Jaiétéviolée.
« #JaiEteViolee j’ai subi tellement de « viols doux » que je ne les comptes plus. Combien de fois on m’a fait du chantage affectif pour obtenir du sexe, ou combien de fois ils ont râlés/se sont énervés parce que je n’avais pas envie et qu’après ça je me suis sentie obligé d’accepté, par peur ?», confie une internaute.
La militante féministe Marguerite Stern, à l’initiative de la campagne de collage des messages sur les féminicides, a aussi témoigné: « Ma première relation sexuelle a été un viol. J’avais 13 ans et demi. C’était mon mec. Il m’a menacé de me quitter si je ne couchais pas. Par peur de l’abandon, je l’ai laissé faire. Il savait que je n’avais pas envie », raconte-t-elle sur Twitter.
Demos Kratos se défend de faire l’apologie du viol
D’autres femmes se sont directement attaquées au YouTubeur à l’origine, malgré lui, du hashtag #JaiÉtéViolée et aux hommes qui lui apportent son « soutien ». « Lorsqu’une femme ose parler de son viol, elle se fait cracher dessus, mais un homme qui avoue avoir violé, vous le félicitez de sa remise en question. Vous avez détruit la vie de quelqu’un et vous en parlez comme si c’était une simple bêtise », s’indigne une autre internaute.
Face à la vague de critiques, Demos Kratos a finalement publié un message d’excuse sur sa chaîne YouTube, dans lequel il s’explique. « J’ai dit que j’étais un violeur parce que j’ai voulu incarner cette idée et inviter les hommes à se remettre en question. J’estime que ma domination masculine imprégnée de la culture du viol doit être remise en question. Je ne peux donc pas me rendre à la police pour avouer mon crime car ce n’en est légalement pas un », écrit le jeune homme aujourd’hui âgé de 23 ans.