Le body positive sera-t-il bientôt dépassé ? Depuis quelque temps, un autre mouvement est en train de gagner les cœurs. Il s’agit du body neutrality qui prône l’art d’aimer son corps sans forcément aimer son physique.
Le body positive perdait sa saveur
Lorsque le mouvement body positive a débarqué sur Instagram, les nanas ont jubilé, y voyant une idée de génie. Avec le body positive, elles pouvaient enfin fièrement assumer sur les réseaux sociaux leurs fesses, jambes, ventres, rondeurs, cellulites, vergetures, sans complexe. Emballés par cette tendance, les internautes ont créé de nombreux hashtags connexes tels que #Plusde70kgetsereine ou #Onveutduvrai. Les marques ont également suivi ce mouvement, qui se veut inclusif. En effet, il prône l’acceptation et l’estime de soi ainsi que la célébration de toutes les morphologies, les corps et les formes de beauté. Ce faisant, le body positive dénonce les diktats de la beauté de minceur, ce canon que les magazines exposent quotidiennement.
Malheureusement, et sans le vouloir, le #bodypositive, servira à d’autres fins. Créé pour lutter contre la grossophobie, avant d’être repris en masse par tout le monde, il sera le moyen, pour certaines filles « parfaites », d’exposer leur corps en bikini ou en sous-vêtements avec ce hashtag. Le body positive perdait alors toute sa saveur. Le comble c’est que certaines femmes ont commencé à se sentir mal dans leur peau. Elles avaient désormais l’envie de perdre un peu de poids, de faire disparaître ces cellulites, d’affiner ce ventre etc. Les militantes ont donc cru bon de rompre les amarres et de s’approprier quelque chose d’autre, qui évacue toute pression de devenir plus « acceptable ».
« C’est un terme qui définit une zone au centre »
Le body neutrality a ainsi vu le jour. Qu’est-ce que c’est ? Un juste milieu entre l’insatisfaction permanente et l’acceptation de soi totale. Pour être plus simple, il s’agit d’accepter notre corps comme il est, sans pour autant se forcer à l’aimer. Mais le concept va plus loin car il veut que les femmes apprennent à apprécier leur corps pour ses capacités, pas pour son apparence. Qu’elles aiment leur corps, pour ce qu’il est capable de faire, de produire, de soulever, d’accoucher etc. Le body neutrality invite en outre les femmes à ne pas négliger leur santé mentale et physique, à toujours faire attention à leur alimentation, sans pour autant être obsédé par un régime ou par le sport. « Il y a tout un mouvement qui nous dit qu’il faut aimer son corps. Mais il y a un creux énorme entre l’insatisfaction et l’acceptation totale. Certaines personnes vont donc tomber dans la neutralité du corps. C’est un terme qui définit une zone au centre », a confié Anne Poirier, directrice du programme body neutrality, au The Cut.