Cinquième-pouvoir.fr

Les technologies numériques, un enjeu de développement économique et social en Afrique

Si la croissance africaine repose aujourd’hui essentiellement sur l’exploitation accrue des ressources naturelles et un coût de la main d’œuvre très faible, elle ne pourra perdurer et se stabiliser sur le long terme sans la mise en valeur progressive de son capital humain et de ses capacités d’innovation. L’innovation africaine se retrouve en effet aujourd’hui dans des produits, des idées, des services et des sources de revenus à même de porter les inventeurs africains sur le devant de la scène des nouvelles technologies. Les technologies du numérique notamment se développent dans des domaines aussi variés que la santé, l’énergie, les communications mobiles ou l’innovation financière, et dynamisent ainsi la croissance tout en structurant un secteur privé émergent. Plusieurs exemples de start-up africaines du numérique à la fois innovantes et solidaires connaissent en ce moment un intérêt grandissant et dénotent d’une volonté réelle de développement économique et social responsable.
Le premier smartphone africain de Vérone Mankou ou la première tablette éducative ivoirienne de Thierry N’Doufou sont autant d’exemple de créativité et de prospérité africaine. Des exemples de « success stories » encore trop rares mais qui pourraient bien se multiplier dans les années à venir au regard des nombreuses velléités d’innovation et d’entrepreneuriat que l’on retrouve actuellement sur le continent africain.
En effet, si l’écosystème du capital-investissement reste encore balbutiant en Afrique et les financements publics comme privés bien difficiles à trouver pour les nouvelles start-up émergentes et innovantes dans le secteur du numérique, on observe toutefois de plus en plus de jeunes entreprises faire le grand saut, pariant sur la bonne idée, les bons cofondateurs, ou le bon business model. Une prise de risque qui paie pour certains et qui encourage surtout des milliers d’entrepreneurs en devenir à tenter leur chance.
Dans ce cadre, plusieurs innovations majeures connaissent actuellement un développement prospère et pourraient s’exporter rapidement à l’international ces prochaines années, se faisant ainsi les ambassadrices du potentiel numérique africain. Parmi les plus prometteuses, on retrouve entre autres la société béninoise Pikiz et son nouveau dispositif d’édition et de viralisation de photos en ligne, un système unique au monde qui offre aux utilisateurs la possibilité d’éditer directement des contenus web sans avoir à les télécharger.
La start-up camerounaise Infinity Space et sa plateforme WeShopUp qui propose une nouvelle solution d’achat mélangeant le crowfunding et le e-commerce et dont l’objectif à long terme est de « créer un écosystème d’e-business (e-commerce, e-paiement et livraison) favorables au développement des PME des pays émergents afin de fluidifier des échanges locaux et internationaux à travers internet » (Les Echos).
La jeune société musicale béninoise Pliby devrait également faire parler d’elle prochainement. Présente au dernier rassemblement DEMO Africa, qui réunit les principaux innovateurs technologiques du continent, cette start-up propose de mettre en scène les artistes africains indépendants ou méconnus en les aidant à rencontrer leur public en ligne et à se constituer des communautés de supporters. Grâce à la mobilisation de ses 10.000 utilisateurs, elle a déjà permis à cinq artistes de se produire.
Enfin, dans le domaine de la santé cette fois, le projet sénégalais PassDocteur donne aux expatriés basés à l’étranger la possibilité de prendre en charge à distance et intégralement les dépenses médicales de leur familles restées au Sénégal. Cela comprend aussi bien les frais de médecin que l’achat des médicaments. Cette initiative a été récompensée fin 2014 par le groupe de télécommunications français Orange dans le cadre du Prix de l’Entrepreneur social en Afrique.
Un autre prix, le Prix de la Jeune Entreprise Africaine sera décerné quant à lui dans le cadre de l’édition 2015 du New York Forum Africa (NYFA) qui regroupera ces start-up et bien d’autres. Pour l’occasion, un village de l’innovation sera mis en place en parallèle de la traditionnelle Marketplace, rassemblant l’ensemble des participants au forum dans un espace propice aux échanges et aux partenariats. Plusieurs jeunes start-up africaines seront successivement invitées à présenter aux participants de la Marketplace une invention capable d’induire un réel changement pour le développement en Afrique.
Pour rappel, le NYFA est un sommet économique panafricain organisé par l’homme d’affaire Richard Attias et rassemblant plusieurs dizaines de dirigeants politiques et économiques dans le but d’échanger sur les pistes à suivre pour un développement harmonieux et responsable de l’Afrique. Il se déroulera à Libreville du 28 au 30 août 2015, en marge du 14e Forum AGOA (African Growth and Opportunity Act) organisé pour la première fois en Afrique Centrale.
Quitter la version mobile