À l’instar des États-Unis, la France a décidé de se pencher sérieusement sur le problème du taux de mortalité élevé des abeilles. Ségolène Royal, ministre française de l’Écologie, a en effet présenté lors du Conseil des ministres du 20 mai, un plan d’action baptisé « France Terre de pollinisateurs ». L’objectif est de favoriser la sauvegarde des abeilles sauvages, insectes pollinisateurs menacés par l’utilisation de pesticides néonicotinoïdes.
Selon un rapport publié en avril dernier par le Conseil Européen des Académies des Sciences, les pesticides néonicotinoïdes contiennent des molécules qui seraient hautement toxiques pour la faune (pollution de l’eau et des sols) et la flore de notre planète. Ces insecticides agiraient notamment de manière négative sur le fonctionnement du système nerveux des insectes pollinisateurs, comme les abeilles, pourtant indispensables à la survie des plantes à fleurs.
Résultat de l’utilisation intensive de ces produits neurotoxiques : les populations d’abeilles ont fortement diminué au cours de ces dernières années. « La situation est catastrophique. Le taux de mortalité des abeilles atteint en moyenne 30% en France et dans certaines zones, ce taux monte à 60%. Aux États-Unis, il varie entre 60 et 80% », déplore Henri Clément, porte-parole de l’Union Nationale de l’Apiculture Française (Unaf).
Grâce au plan d’action annoncé par Ségolène Royal, la France entend bien prolonger le moratoire européen qui interdit, depuis 2013 et pour une période de 2 ans, trois molécules néonicotinoïdes toxiques (l’imidacloprine, la clothianidine et le thiaméthoxam). Par leur action et leur engagement écologique, les politiques français espèrent convaincre leurs homologues européens de la nécessité d’étendre le moratoire à d’autres substances sur l’ensemble des cultures.
En plus de l’usage intensif de pesticides, l’urbanisation de notre pays est également un facteur qui explique le déclin de la population des abeilles. Aussi, « France Terre de pollinisateurs » prévoit de généraliser sur 20% de notre territoire des pratiques favorables aux abeilles et aux pollinisateurs.
Le gouvernement compte par exemple mettre en place le fauchage tardif et les jachères fleuries sur les 12.000 kilomètres non concédés du réseau routier tricolore. Une expérimentation qui devrait aboutir à une augmentation de 30% de la diversité des insectes pollinisateurs.