Les pigeons volent dans les plumes de Bercy

Les pigeons volent dans les plumes de Bercy

23/10/2012 Non Par Borj Noe

Le vendredi 28 septembre au soir, lors d’une discussion sur Facebook entre plusieurs « startuppers » et acteurs du milieu web, le mouvement des « pigeons » est né. Inquiets qu’ils furent des projets de réforme du gouvernement socialiste concernant les entreprises et les plus-values en cas de revente d’une entreprise. Selon le collectif, la taxation de ces plus-values pourrait passer de 32 % à 60,5 %. Encore au stade de discussion à l’époque, la mesure visait à soumettre les plus-values au barème progressif de l’impôt sur le revenu pour plus taxer le capital et non plus seulement le travail. L’imposition pourrait donc grimper jusqu’à 45%, auxquels il faudrait ajouter CSG et RDS, pouvant ainsi mener au total à plus de 60%, dans certains cas.

L’originalité de leur fronde réside dans leur mode d’action : la protestation par le web. La fan page Facebook est créée dans la foulée du débat sur le mur d’un utilisateur. Elle s’appellera « Les Pigeons, mouvement de défense des entrepreneurs français« . En quelques jours, la page atteint plus de 6000 fans. Ces « angry-birds » de l’entreprenariat publie dimanche 30 septembre un manifeste, appelant à manifester devant l’Assemblée nationale le dimanche suivant. Lundi 1er octobre, le mouvement a pris et s’étend sur la toile. Le hashtag  #geonpi se propage sur Twitter et devient même une des premières requêtes en France. En moins d’une semaine, le gouvernement flanche et cette fronde éclair du web réussit là où de nombreux mouvements sociaux échouaient régulièrement.

Cette « opération de com’ coup de poing » fit vite des envieux et des rejetons animaliers des pigeons firent vite leurs apparitions. En moins de deux semaines, se créèrent coup sur coup le mouvement « des moutons », contre des réformes du financement de la Sécurité sociale q ui augmenteraient l’imposition des travailleurs indépendant ; celui « des moineaux », qui veulent plus d’avantages fiscaux pour les jeunes entreprises innovantes ; ou encore le mouvement « des corbeaux » qui défend les TPE de La Rochelle.

Si ce genre de mouvement apolitique, basé en partie sur le buzz, peut vite s’essoufler (n’est-ce pas la définition même du buzz ?), il illustre une nouvelle forme de mobilisation spontanée et massive. D’aucun dirait une manifestation 2.0.

Robin Carond

Pigeons, moutons, moineaux… Le bestiaire patronal s’agranditLibération ; 19/10/2012

« Pigeons » : genèse d’une mobilisation efficaceLe Monde ; 04/10/2012Les entrepreneurs-pigeons en appellent à la « grâce présidentielle »Le Point ; 22/10/2012